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Algérie,
FIL-INFO-ALGERIE ©, 2004, ARCHIVES,
AVRIL 2004
- Jeudi
1er avril 2004 : Alors que le président
Bouteflika tenait un meeting, dans le cadre de la
campagne électorale pour les présidentielles du
8 avril, à la Maison de la Culture à Tizi
Ouzou, de violents affrontements ont opposé des
manifestants qui protestaient contre la venue du
président sortant aux forces de sécurité. Des
centaines de jeunes ont tenté de venir perturber
le discours du président. Les forces de
sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes et
de lances à eau pour disperser la foule. Une
vingtaine de personnes a arrêtée. La ville
était également totalement paralysée par une
grève générale à l'appel des Arouchs
(comités de village) pour été dénoncer la
visite du président Bouteflika.
Mardi 6 avril 2004 : La campagne
électorale s'est achevée lundi par les derniers
meetings des 6 candidats. Le président
Bouteflika a donné le sien à Alger sur le
modèle des campagnes américaines, avec lâcher
de ballons et concert géant tandis que son
rival, secrétaire général du Front de
libération nationale (FLN, ex-parti unique), Ali
Benflis, promettait à Tizzi Ouzou, en Kabylie de
régler le problème kabyle.
Mercredi 7 avril 2004 : Aux termes
d'une alliance avec le candidat islamiste
Abdallah Djaballah et Saïd Sadi, président du
Rassemblement pour la culture et la démocratie
(RDC), l'ancien Premier ministre algérien Ali
Benflis, principal rival d'Abdelaziz Bouteflika
pour l'élection présidentielle du 8 avril, a
accusé dans un communiqué mardi le président
sortant de préparer "un hold-up"
électoral pour s'arroger "53 à 55 %"
des voix dès le premier tour. Les 3 hommes
affirment d'ores et déjà qu'ils ne
reconnaîtront pas les résultats de jeudi.
Jeudi 8 avril 2004 : 18 millions
d'Algériens se rendent aux urnes jeudi pour
élire leur président qui, selon les
observateurs, et pour la première fois, pourrait
déboucher sur un second tour, le 22 avril 2004.
Même si le président Bouteflika est donné
vainqueur par les sondages, le taux de
participation, le vote de l'armée ainsi que la
régularité du scrutin pourraient influer sur
les résultats. Le Ministère de l'Intérieur a
indiqué mercredi que "tout était prêt
pour une élection transparente".
Vendredi 9 avril 2004 : Le scrutin
présidentiel a été clôturé jeudi à 19 H
GMT. Le ministre de l'Intérieur, Yazid Zehrouni,
a indiqué que le dépouillement a commencé
après avoir repoussé d'une heure la fermeture
des bureaux de vote. Les résultats officiels
devraient être communiqués vendredi. 200
observateurs internationaux sont présents sur le
terrain pour s'assurer du bon déroulement du
scrutin. 6 candidats se présentaient. Outre le
président sortant Bouteflika et son ancien
premier ministre et bras droit, Ali Benflis, on
trouve la porte-parole du Parti des Travailleurs
Louisa Hanoune (PT, trotskyste), Saïd Sadi, chef
du Rassemblement pour la culture et la
démocratie (RCD, opposition laïque), Abdallah
Djaballah, président du Mouvement de la réforme
nationale (MRN, islamiste radical), et Ali Fawzi
Rebaïne, président d'Ahd-54, un petit parti
nationaliste. Des incidents ont éclaté en
Kabylie où des jeunes gens ont saccagé des
bureaux de vote. Les tribus kabyles avaient
lancé un mot d'ordre de grève et appelé au
boycottage du scrutin. Le taux de participation
définitif est de 57,78 %, alors qu'il était de
50,34 % en avril 1999, date de la dernière
élection présidentielle. Ali Benflis, Saïd
Sadi (FNL, ex-parti unique) et Abdallah Djaballah
(islamiste) ont dénoncé des "manoeuvres
frauduleuses" dès le début de
l'après-midi, des "irrégularités à
grande échelle" et une "volonté de
passer en force" du chef de l'Etat sortant.
Ils ont mis en garde, dans un communiqué commun,
contre "toute annonce prématurée" en
estimant que "les grandes tendances qui se
dessinaient allaient vers l'organisation d'un
second tour". Selon la direction de campagne
du président Bouteflika, celui-ci remporterait
l'élection présidentielle avec plus de 60 % des
voix. ** La police est intervenue
jeudi à Alger avec des gaz lacrymogènes contre
des manifestants hostiles au président
Bouteflika. Plusieurs journalistes ont été
molestés et leurs matériels confisqués.
Samedi 10 avril 2004 : Le
président Abdelaziz Bouteflika a été réélu
dès le premier tour à l'élection
présidentielle de jeudi pour un mandat de 5 ans
avec 83,49 % des voix selon les chiffres
communiqués par le ministre de l'Intérieur,
Nourredine Yazid Zerhouni, qui a souligné
"l'honnêteté et la transparence du
scrutin". Le rival du président Bouteflika,
Ali Benflis, n'a recueilli que 7,93 % des voix.
Le candidat islamiste du parti "Al
Islah" (la réforme), Abdallah Djaballah,
obtient 4,84 %, Saïd Sadi le candidat du
Rassemblement pour la Culture et la Démocratie
(RCD, berbériste laïc) 1,93 %, Louisa Hanoune,
première femme candidate, et dirigeante du Parti
des travailleurs (PT, extrême gauche) et Fawzi
Rebaïne du parti nationaliste ADH-54 n'ont pu
recueillir que 0,64 % des voix. Les candidats
malheureux ont dénoncé "une fraude
électorale massive". Ali Benflis a évoqué
"une parodie d'élection" et accusé le
président de "mettre en danger l'unité et
la cohésion de la nation". Pour Saïd Sadi,
candidat, du Rassemblement pour la Culture et la
Démocratie (RCD, berbériste laïc), "c'est
une régression démocratique préoccupante.
L'Algérie n'avait pas besoin d'une telle
humiliation". Saïd Sadi est arrivé en
tête dans le seul département de Tizi Ouzou,
chef-lieu de la Kabylie. Il a comparé le
président réélu à un "despote
fascisant" et a dénoncé, documents à
l'appui brandis devant la presse, "un
véritable rodéo de la fraude électorale".
NDLR. L'état d'urgence en Algérie est instauré
depuis le 9 février 1992 et les partis
islamistes tels que le FIS et leurs dirigeants
demeurent interdits.
Mardi 13 avril 2004 : Mohamed
Bedjaoui, président du Conseil constitutionnel a
officiellement proclamé Abdelaziz Bouteflika
président de la République avec 84,99 % des
suffrages lors de l'élection présidentielle du
8 avril dernier contre 6,42 % à son rival Ali
Benflis.
Vendredi 16 avril 2004 : Le
président français Jacques Chirac a effectué
jeudi une visite de quelques heures à son
homologue algérien Abdelaziz Bouteflika réélu
président pour un mandat de 5 ans aux élections
du 8 avril 2004 avec 84,99 % des voix. Le but de
cette visite est "de dynamiser les relations
entre les deux pays et construire un partenariat
d'exception". Il a tenu à préciser qu'il
était "hors de question que la France
envoie des troupes en Irak". La crise au
Proche-Orient a été également abordée. Au
sujet de la décision américaine de légitimer
l'annexion de la Cisjordanie par 6 blocs
importants de colonies juives de peuplement, le
président français a déclaré : "tout
retrait des territoires occupés serait en soit
une mesure positive à condition de s'inscrire
dans le cadre de la Feuille de Route (format pdf)
soutenue par le Quartet et en outre être
concerté avec l'Autorité Nationale
Palestinienne". Au sujet de la déclaration
d'Oussama Ben Laden quant à une trêve, Jacques
Chirac a réitéré sa position : "Il n'y a
pas de tractation possible avec le terrorisme qui
s'attaque de façon barbare à des
innocents".
Mardi 20 avril 2004 : Le
président Bouteflika, réélu le 8 avril 2004,
avec 84,99 % des voix, pour un nouveau mandat de
5 ans, a prêté serment lundi à Alger. Dans son
discours d'investiture, il s'est fixé 3
objectifs prioritaires : la poursuite du dialogue
en Kabylie, qui fête aujourd'hui le 3ème
anniversaire du "Printemps noir", la
promotion de la réconciliation nationale et
l'amélioration de la condition des femmes par la
réforme du Code de la famille qualifié de
"code de la honte" par les associations
de femmes algériennes. Le
premier ministre Ahmed Ouyahia a été reconduit
dans ses fonctions. Ali Benflis a démissionné
de son poste de secrétaire général du FLN
(ex-parti unique).
Vendredi 23 avril 2004 : Le
quotidien "Liberté" a
annoncé dans son édition de jeudi que 300
islamistes armés, dont de nombreux membres du
Groupe salafiste pour la prédication et le
combat (GSPC) de Hassan Hattab, ont décidé de
déposer les armes. L'armée et le ministère de
l'intérieur estimaient, en 2003, qu'il ya 600 à
800 personnes réparties entre les GSPC et le GIA
le nombre d'islamistes armés encore en activité
en Algérie.
Mardi 27 avril 2004 : Après les
élections présidentielles du 8 avril 2004 qui
ont vu le président sortant Abdelaziz Bouteflika
réélu avec 83,49 % des voix, ce dernier a
annoncé la formation de son gouvernement où les
ministères clés restent aux mains des ministres
sortants. Le ministère de la Culture et de la
Communication a été scindé en 2 : la Culture
attribuée à Khalida Toumi et la Communication
à Boudjema Haïchour, ancien ministre de la
Jeunesse et des Sports. Ce ministère a été
donné à un nouveau venu, Abdelaziz Ziari.** Plusieurs
dizaines de détenus de droit commun se sont
mutinés lundi dans la prison de Béjaïa à 260
km à l'est d'Alger pour réclamer l'amnistie au
même titre que les 6 000 prisonniers grâciés
par le président Bouteflika à l'occasion de sa
réélection. Après des négociations avec le
procureur général et le président de la cour
de Béjaïa, les prisonniers ont accepté de
regagner leur cellule. Les prisons algériennes
sont souvent en proie à des mutineries. Les
détenus dénoncent notamment leurs conditions de
détention qualifiées "d'inhumaines"
et accusent les gardiens de sévices. Selon la
Ligue algérienne de défense des droits de
l'Homme (LADDH), plus de 40 000 personnes sont
détenues dans les prisons algériennes. Le taux
global d'occupation est de 138 %, selon des
chiffres officiels. L'ancien président de la
commission de réforme de la justice, Mohand
Issaâd, a dénoncé "le surpeuplement des
prisons algériennes, les conditions alimentaires
en dessous du minimum et les conditions
médicales désastreuses, les suicides, les
humiliations, les atteintes choquantes à la
dignité humaine". Plus de détails : L'Algérie une vaste prison ; Rapport 2003 d'Human Rights Watch
sur la situation des droits humains en Algérie ; La prison,
lieu de torture par Amnesty International.
Mercredi 28 avril 2004 : La
Commission européenne a octroyé 37 millions
d'euros à ce pays pour des projets s'inscrivant
dans le cadre du programme Meda. 17 millions seront
consacrés à la réforme de l'éducation ; 15
millions à la réforme de la justice et 5
millions à la gestion des déchets solides et à
la réorganisation du traitement des déchets
urbains de 5 grandes villes : Annaba,
Constantine, Oran, Sétif et Tizi Ouzou.
Vendredi 30 avril 2004 : Selon une
enquête qui s'est déroulée du 21 décembre
2002 au 21 juin 2003 et réalisée dans les 48
wilayas (départements) du pays sur un
échantillon de 9 033 dossiers de femmes victimes
de violences, menée par les services de la
police, de la justice, de la santé et
l'association algérienne "SOS Femmes en
détresse" durant le premier semestre 2003,
la violence à l'encontre des femmes "a
atteint un seuil critique". .L'enquête
révèle que plus de la moitié des victimes sont
des femmes mariées et plus des deux tiers, soit
69,5 % des cas, sont sans profession. Les
chiffres révèlent que, dans près de 73 % des
cas de femmes battues, l'agression a lieu au
domicile conjugal. 50 % des femmes agressées
avaient un âge compris entre 23 et 40 ans, avec
une moyenne de 32,7 ans. Elles sont analphabètes
dans 26,8 % des cas et ont un niveau moyen dans
26,2 % des cas. Les victimes ayant un niveau
d'instruction supérieur représentent 5,6 % et
celles d'un niveau secondaire 19,8 %. Dans la
plupart des cas de violence, l'auteur est le
mari. La nature de cette agression se résume
dans plus de 60 % des cas à des coups et
blessures volontaires. Les agressions
psychologiques représentent un vingtième des
cas, tout comme les violences sexuelles, dont la
moitié sont des viols. Le code de la famille,
dont une réforme a été engagée, ne fait que
renforcer la violence conjugale puisque certaines
de ses dispositions ne sont que des devoirs des
femmes envers leurs époux et les parents de ces
derniers. Le père a lentière autorité
parentale. Ce code de la famille relève
uniquement du droit musulman datant du XIIè
siècle. A titre d'exemple, lors de l'adoption de
ce code en 1984, les débats s'étaient
concentrés sur la longueur du bâton que le mari
devait utiliser pour corriger sa femme en cas
d'adultère. Plus de détails : Femmes immigrées et violences
conjugales ; Violences conjugales en
Algérie.
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