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Liberté de la presse dans le monde

 

IXe Sommet de la Francophonie Beyrouth, Liban - 18 au 20 octobre 2002

La Francophonie assiste passivement aux violations quotidiennes de la liberté de la presse


En Tunisie, Sihem Bensedrine, directrice du magazine en ligne Kalima et militante des droits de l'homme, a été emprisonnée pendant sept semaines. En juin 2001, elle a été arrêtée à l'aéroport de Tunis. On lui reprochait d'avoir diffusé "de fausses nouvelles destinées à troubler l'ordre public" lors d'une intervention sur la chaîne de télévision Al Mustaquilla, basée à Londres. Dans l'émission "Le Grand Maghreb", elle avait notamment évoqué le sujet de la corruption, de la torture et du manque d'indépendance de la justice en Tunisie.

En Guinée, onze journalistes ont été arrêtés depuis 1999 pour avoir dénoncé la corruption de hauts responsables ou la mauvaise gestion du pays. Certains d'entre eux ont passé plusieurs semaines en prison. Au Cameroun, plus d'une vingtaine de journalistes ont été interpellés en trois ans.

Par ailleurs, 183 journalistes ont été agressés pendant la même période. En Haïti, notamment, plus de 70 professionnels de la presse ont été victimes d'agressions.

223 médias censurés

Au Laos, le président Khamtai Siphandon, ex-responsable de la propagande du parti unique, maintient un contrôle particulièrement strict sur les médias. Sous ses ordres, la presse reprend textuellement les dépêches de l'agence officielle Khaosan Pathet Lao. Chaque semaine, les directeurs des médias et des cadres du ministère de l'Information se réunissent pour commenter les articles parus et procéder à leur autocritique. Enfin, les rares correspondants étrangers présents dans le pays ont été empêchés d'enquêter sur une série d'attentats à l'explosif, non revendiqués, qui ont secoué le Laos au début de l'année 2000.

En Guinée équatoriale, la presse écrite, la radio et la télévision sont à la botte du président Teodoro Obiang Nguema et de son parti. Si les quelques journaux indépendants qui survivent ont un tirage très confidentiel, le régime les juge néanmoins dangereux. Le 13 mai 2001, Pedro Nolasco Ndong, président de l'Association de la presse de Guinée équatoriale (ASOPGE) et correspondant de Reporters sans frontières, a été interpellé à l'aéroport de Malabo alors qu'il revenait d'un séminaire organisé par l'Unesco en Namibie, à l'occasion de la 11e Journée internationale de la liberté de la presse. Depuis, M. Ndong, soumis à un véritable harcèlement, a quitté le pays et s'est réfugié en Espagne.

Au Maroc, les espoirs placés en Mohammed VI, au moment de son accession au trône en juillet 1999, ont été déçus. Les journaux indépendants demeurent sous la pression constante des autorités. Ainsi, en décembre 2000, les hebdomadaires Le Journal, Assahifa et Demain ont été interdits par le Premier ministre pour avoir "porté atteinte à la stabilité de l'Etat". Depuis, ils ont pu renaître, sous de nouveaux titres, mais leurs directeurs ont été condamnés à des peines de prison. Par ailleurs, en trois ans, au moins neuf publications, dont la majorité étrangères, ont été censurées.

Si le Liban jouit de la presse la plus libre du monde arabe, les autorités exercent néanmoins toujours des pressions. Le 4 septembre 2002, la chaîne de télévision MTV et Radio Mont Liban (opposition chrétienne anti-syrienne) ont été fermées par le tribunal des Imprimés. Elles ont été condamnées pour propagande électorale illicite durant des élections législatives partielles, particulièrement houleuses, en juin 2002. Les forces de l'ordre ont exécuté cette décision de justice avec une extrême brutalité en molestant plusieurs journalistes. Cette affaire menace le pluralisme des médias au Liban.

En Mauritanie, les années se suivent et se ressemblent. Une douzaine de titres de la presse indépendante ont été saisis en trois ans, en vertu de l'article 11 de la loi sur la presse dont les autorités mauritaniennes usent et abusent pour sanctionner les journaux qui abordent les sujets "tabous" : corruption, drogue, esclavage, situation au Sahara occidental, droits de l'homme, relations avec Israël, réseaux islamistes, etc.

Au Togo, au cours de ces trois dernières années, des milliers d'exemplaires de journaux d'opposition ont été saisis et détruits par la police. A chaque fois, les forces de l'ordre ont opéré à l'imprimerie ou auprès des vendeurs. Dans la plupart des cas, les éditions confisquées comportaient des articles critiques envers un ministre ou le chef de l'Etat.

En janvier 2001, la justice de Djibouti a suspendu la parution du Renouveau pendant trois mois. Le directeur de la publication a été interrogé et interdit de sortie du territoire. Depuis plusieurs années, les autorités de ce pays ordonnent régulièrement la suspension provisoire des rares journaux d'opposition. Ainsi, les Djiboutiens soucieux de recevoir une information indépendante du pouvoir en place n'ont d'autre choix que d'écouter les radios étrangères captées dans le pays.

En Guinée-Bissau, les médias indépendants sont régulièrement censurés par les autorités. En mars 2002, le président Kumba Yala a menacé à demi-mot Radio Bombolom et le procureur général, Caetano N'Tchama, a ordonné à tous les médias du pays de ne pas publier d'informations provenant de la Ligue guinéenne des droits de l'homme (LGDH).

Aux Seychelles, le seul journal privé, Regar, est harcelé par les autorités politiques et judiciaires. Plusieurs affaires en cours devant les tribunaux pourraient aboutir à des amendes de plusieurs centaines de milliers d'euros, entraînant inévitablement la disparition du journal. L'Etat dispose également d'un monopole de fait sur les médias audiovisuels qu'il contrôle à sa guise.
 


Reporters Sans Frontières, 5 rue Geoffroy Marie - 75009 Paris. 
Tél :01 44 83 84 84 / Fax : 01 45 23 11 51, http://www.rsf.org/, rsf@rsf.org



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