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La Rédaction de fil-info-france.com vous propose un rendez-vous sur le Proche-Orient où seront présentés les faits majeurs de cette région où les enjeux internationaux sont aussi complexes que dramatiques.
 
 
 
Extraits (Archives) du point de presse quotidien de la diplomatie française sur ce conflit.
Développement majeur de l'actualité sur le Proche-Orient :


De notre correspondant Benoît MARTINET
Notre correspondant sur le Proche-Orient, Benoit Martinet
Benoît MARTINET Copyright 2008

DE L'ORIGINE DES GUERRES
- 17 mars 2008



Dans la France du XVIème siècle, Catholiques et Protestants s’affrontaient dans une lutte fratricide sans pitié, multipliant les morts par milliers. Plus près de nous, la lutte opposant les Catholiques et les Protestants en Irlande du Nord au XXème siècle a été le théâtre d’évènements tragiques. Les exemples sont nombreux qui mettent en scène de tels conflits opposant des peuples de religions différentes.

Est-ce à dire pour autant que la plupart des guerres, pour ne pas dire toutes, auraient une origine religieuse ?

Pour répondre à certain nombre de nos lecteurs ayant réagi aux articles précédents traitant du conflit israélo-palestinien, il nous est apparu intéressant, voire nécessaire, de se poser réellement la question et d’y apporter quelques éléments de
réponse objectifs.

Dès lors que l’on évoque le concept de « guerres de religions », beaucoup de Français, de par leur éducation, pensent à leurs vieux cours d’Histoire de France, et notamment au conflit ayant opposé si tragiquement catholiques et protestants dans la France du 16ème siècle, et dont le massacre dit 3de la Saint Barthélemy" a été le point d’orgue.

Il est vrai que, compte tenu de leur complexité, ces guerres de la Renaissance sont difficiles à analyser. Il apparaît néanmoins qu’en dehors des aspects strictement religieux, nous sommes aussi et surtout en présence davantage de problèmes de nature politique, sur fond de lutte des classes, de grandes évolutions culturelles, le tout dans un contexte international très perturbé, où les principaux Etats européens se battent pour une hégémonie très convoitée.

Il est évident que ces pays, et principalement l’Espagne et l’Angleterre ont fait acte d’ingérence afin d’affaiblir le pouvoir français, et ceci en favorisant financièrement et militairement l’action des « opposants », l’un aux côtés des protestants et l’autre du côté des catholiques.

Le roi de France de l’époque, François 1er, puis d’une façon encore plus accentuée, son fils Henri II, étaient en effet opposés à la Réforme (protestante), estimant qu’elle représentait un danger pour leur propre autorité car elle engendrait dans le pays une série de contestations d’ordre politique.

L’armée protestante était d’ailleurs constituée de nombreux mercenaires allemands et avait le soutien de la reine d’Angleterre, alors que l’armée royale française attendait le soutien du roi d’Espagne.

Pendant les années qui vont suivre, le contexte international restera d’ailleurs très orageux, et le principe même de la monarchie absolue sera contesté.

On retrouve également en Irlande du Nord ces facteurs d’origine politique et socio-économique, même si l’on a beaucoup insisté sur le caractère religieux des affrontements entre catholiques et protestants.

Politique tout d’abord car l’Irlande, éprise d’une volonté d’indépendance, fut divisée en deux en 1920 par un gouvernement anglais incapable de maintenir le fort nationalisme irlandais. La suite a montré que cette décision n’apportait pas de réelle solution, l’Etat libre du Sud n’ayant de cesse de réclamer l’indépendance du Nord.

A cette question sont venus se rajouter des problèmes économiques et sociaux. Les difficultés furent en effet majorées par le fait qu’un savant découpage électoral donna tous les avantages aux protestants (unionistes) par rapport aux catholiques (indépendantistes, dits Home rulers).

Les protestants furent donc privilégiés dans les domaines de l’emploi et des aides sociales, au sein d’un pays déjà cruellement touché par le chômage.

Après 1968 on a assisté à une réelle lutte des classes (le prolétariat étant incarné par les catholiques), sur fond d’un terrorisme qui lui, était incarné par l’IRA.

Plus que le fait religieux, c’est bien l’injustice économique qui est à l’origine de la violence entre les deux communautés. Et il est clair que les Britanniques ont utilisé cet aspect religieux pour diviser le prolétariat et le rendre ainsi moins
vindicatif, comme l’avait déjà souligné à l’époque Karl Marx.

Non seulement la "rupture catholiques – protestants" n’est donc pas à l’origine des deux Irlande, mais elle a servi au contraire d’alibi à cette séparation politique de 1920, comme d’ailleurs dans bien d’autres pays où les religions sont instrumentalisées par le politique.

Tous ces éléments tendent à démontrer que le conflit israélo-palestinien, lui non plus, n’est pas une guerre de religion. Tout d’abord aucun des deux belligérants n’essaie de convertir l’autre.

Là aussi il s’agit davantage de problèmes liés à des conquêtes de territoires, et pour lesquels les deux parties se servent de l’aspect religieux pour motiver leurs actions.

Il faut en effet rappeler l’importance de la résolution 242, votée par l’ONU le 22 novembre 1967, et qui a demandé à l’Etat d’Israël de se retirer des "territoires occupés" (notamment Jérusalem et la Cisjordanie), ces annexions représentant une
violation du droit international.

Or cette demande n’est toujours pas appliquée à ce jour, et les implantations de populations israéliennes y ont un caractère illégal au vu de la Convention de Genève.

A propos de cette situation, Yasser Arafat s’était d’ailleurs exprimé en déclarant notamment dès 1969 "ne pas lutter contre les Juifs en tant que communauté ethnique ou religieuse, mais lutter contre Israël, expression d’une colonisation établie sur un système théocratique raciste et expansionniste".

Or les dirigeants israéliens ont mis au point une stratégie qui vise, dans leurs propres intérêts bien sûr, à transformer ce conflit en guerre de religion.

On se souvient notamment de la "promenade" d’Ariel Sharon en 2000 sur l’esplanade des Mosquées car cet évènement avait défrayé la chronique et choqué le peuple palestinien.

En faisant perdre leur crédit aux dirigeants laïques palestiniens, il est clair que le premier ministre israélien avait voulu, comme beaucoup d’autres avant lui, que l’opinion mondiale situe les affrontements entre les deux peuples sur un plan précisément religieux, ceci étant de nature à faire "oublier" à la communauté internationale l’occupation (jugée illégale par l’ONU) des Territoires occupés depuis 1967.

Toute cette stratégie est bien sûr non seulement validée par les Etats-Unis, mais aussi et surtout farouchement défendue par ceux-ci devant l’ONU. Durant toutes ces années ils se sont efforcés d’opposer systématiquement leur veto à toute décision contraire aux intérêts de l’Etat d’Israël.

Ceci n’est pas étonnant lorsqu’on se souvient que Ronald Reagan déclarait par exemple, en 2003 : "Israël est une force au Moyen-Orient qui est un atout pour nous. S’il n’y avait pas Israël avec ses capacités, nous aurions à les fournir par nous-mêmes".

Depuis les accords d’Oslo en 1993 on ne parle plus, symboliquement, de "conflit israélo-arabe" mais de "conflit israélo-palestinien". Mais on constate malheureusement que le conflit s’est aggravé au niveau des pays arabes, et plus généralement à celui du monde musulman, ce qui est de nature à mettre en danger la sécurité de la planète.

Plus inquiétant encore, les ripostes violentes palestiniennes contre la répression israélienne et la construction du Mur de Cisjordanie s’inscrivent dans le cadre d’une lutte anti-terroriste sur fond de guerre sainte.

Petit à petit nous sommes donc passés d’une injustice territoriale à une guerre dite "de religion", dont personne pourtant ne doit ignorer la véritable origine.

En conclusion on observe que l’Histoire montre que peu de guerres ont des origines "religieuses", mais plutôt des origines socio-économiques, voire même des affrontements entre civilisations ou modèles de société.

Dans ces conflits, la religion a évidemment servi d’élément fédérateur pour justifier des guerres aux causes multiples, parfois même très complexes, comme par exemple la guerre en ex-Yougoslavie.

Elle a permis de justifier la guerre et ses effets, tels que le terrorisme ou les nettoyages ethniques, en lui donnant une moralité du recours à la force armée.




Benoît MARTINET
aljazeeraAljasira

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