- SOMMAIRE
ANTISEMITISME
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chantage média presse LICRA, voir
également CAPJPO-EuroPalestine :
Coordination des Appels pour une Paix Juste au
Proche Orient CAPJPO - EuroPalestine ;
solidarité avec la Palestine, respect du droit
international, dénoncer sans relâche
loccupation des territoires palestiniens,
manifestation pacifique, découverte de la
culture palestinienne...
Sections Regionales
Dîner du CRIF du 28
novembre 2002
28/11/02
Discours de Maître Alain Jakubowicz, Président
du CRIF Rhône-Alpes
Monsieur Nicolas SARKOZY, Ministre de Intérieur,
invité d'honneur.
Merci Monsieur le Ministre d'avoir accepté
d'honorer notre dîner de votre présence.
Nous en sommes heureux. Nous en sommes fiers.
Nous connaissons l'amitié sincère qui vous lie
à la communauté juive de France depuis votre
entrée en politique. Nous connaissons vos prises
de position, votre talent oratoire et votre
liberté de ton. Nous sommes persuadés que vous
en userez lorsque vous vous adresserez à nous
tout à l'heure.
Permettez-moi d'user de la même liberté en
m'adressant à vous. N'y voyez rien d'autre que
le souci de me faire le porte-parole le plus
fidèle possible de l'état d'esprit dans lequel
se trouve le plus grand nombre des juifs de
France, dans les épreuves qui leur sont
imposées depuis de nombreux mois par des
évènements qui les dépassent.
Le hasard a voulu que, pour la première fois,
nous le fassions ici, à Lyon, en région
Rhône-Alpes, avant que notre Président
national, Roger Cukierman, le fasse à Paris en
présence de Monsieur le Premier Ministre.
Le hasard fait parfois bien les choses.
Il n'est en effet pas indifférent que la parole
vienne parfois d'en bas, de ces régions qui ont
le sentiment de n'être pas toujours entendues
dans les sphères de la capitale, et plus
particulièrement de notre région et de notre
ville, qui ont toujours été à la pointe de la
réflexion et de l'action sur les sujets dont
nous allons parler ce soir.
Il n'est pas non plus indifférent que nous le
fassions devant un tel parterre d'élus, de hauts
représentants de l'Etat, des Corps constitués,
du monde associatif, et des cultes.
Qu'il me soit permis à cet égard, tout en
saluant fraternellement Monseigneur Barbarin,
nouvel Archevêque de Lyon, auquel nous
souhaitons la bienvenue, d'évoquer la mémoire
de Monseigneur Billé qui, malgré le mal qui le
rongeait déjà, avait tenu, l'an dernier, à
honorer notre soirée de sa présence.
Qu'il me soit également permis de vous dire
combien nous sommes heureux d'accueillir à
nouveau parmi nous, aux côtés du Grand Rabbin
Wertenschlag, les représentants de la grande
mosquée de Lyon, en la personne du capitaine
Khelif et de Monsieur Kamel Kabtane.
***
La meilleure façon de parler vrai est de parler
simple.
En bon juriste, formé à l'Université Lyon III,
dont je salue le nouveau Président Monsieur
Lavorel, je le ferai en deux parties : les juifs
de France et la France. Puis, puisqu'on se dit
tout, les juifs de France et Israël.
***
Est-il besoin, Monsieur le Ministre, Mesdames,
Messieurs, de vous dire les épreuves qui ont
été imposées aux juifs de France depuis plus
de deux années.
Nous avons vécu, au début de l'année 2002, ce
que nos parents et grands-parents avaient
espéré nous épargner à tout jamais en venant,
pour beaucoup d'entre eux, se réfugier en
France, fuyant l'Allemagne nazie. Des synagogues
brûlées, des livres saints réduits en
cendres
Comment vous décrire, ce que même les moins
croyants d'entre nous, ont ressenti
Nous avons, en ces moments d'épouvante, attendu
un réel sursaut d'indignation de la communauté
nationale, comme nous l'avions connu en 1990, au
lendemain de la profanation du cimetière de
Carpentras. Mais ce sursaut n'est pas venu. Alors
les juifs de France se sont sentis salis,
lâchés, exclus de fait de la communauté
nationale, victimes d'une sorte de
dénationalisation, ravalés à leur seule
condition de juifs
oui, Monsieur le
Ministre, pourquoi ne pas vous le dire, bon
nombre d'entre nous, nés en France, ayant grandi
en France, ayant fait leurs études en France, se
sont demandés si leur place était encore dans
Notre Pays.
On nous dit que les actes antisémites ont
diminué au cours de ces derniers mois. C'est du
moins ce qu'affirment les statistiques
officielles, qui ne comptabilisent que les
plaintes déposées
La réalité quotidienne est hélas beaucoup
moins optimiste.
Certes, nous n'avons plus eu à connaître
l'ignominie de nouvelles synagogues incendiées.
Mais les actes les plus spectaculaires et dont on
parle le plus, ne seront pas nécessairement les
plus douloureux.
Les actes individuels, dont personne ne parle,
sont souvent beaucoup plus dévastateurs pour les
laissés pour compte des statistiques de
l'antisémitisme, particulièrement dans les
périphéries de nos villes.
C'est de ces coreligionnaires là dont je veux
vous parler ce soir.
Ceux qui ne fréquentent pas les dîners du CRIF.
Qui n'habitent ni à Neuilly, ni dans le 6e
arrondissement de Lyon. Qui ne sont ni
Journalistes, ni Médecins, ni Avocats
Bref
de ces juifs les plus modestes et les plus
nombreux, dont la vie quotidienne est souvent
devenue un enfer.
Il y a quelques jours, je recevais à mon Cabinet
un appel désespéré d'une mère de famille,
habitant avec son mari et ses trois enfants dans
ce qu'il est pudiquement convenu d'appeler un
"quartier chaud" de Villeurbanne.
Encerclée par une population hostile, cette
famille vit effectivement un enfer : crachats,
boîte à lettres arrachée, porte palière
taguée de croix gammées, injures et menaces,
sont le lot quotidien des parents comme des
enfants. Le plus jeune, âgé de 7 ans, ne veut
plus aller à l'école où il n'est plus appelé
que "le juif" pour tout prénom. Quel
bel exemple de l'école de la République
L'appel de cette femme était l'appel du
désespoir. Elle craint aujourd'hui autant pour
sa famille, que les réactions de son mari qui
tente à grand peine de se contrôler
jusqu'à quand?
J'ai demandé au Directeur du CRIF Rhône-Alpes,
Johanne Gurfinkiel, dont je tiens à saluer le
dévouement au service de notre communauté, de
vérifier la véracité des faits et de
s'inquiéter des moyens propres à y remédier.
Il a reçu le meilleur accueil des fonctionnaires
du commissariat de Police de Villeurbanne, qui
lui ont dit être informés du cas de cette
famille, ont confirmé le calvaire qui est le
leur, avouant leur impuissance et concédant que
la seule solution consiste à la reloger.
Le cas de cette famille n'est pas recensé dans
vos statistiques Monsieur le Ministre. Pas plus
que celui de tant d'autres, que nous ignorons
souvent nous-mêmes, et qui se résignent à
quitter les cités qu'elles habitaient souvent
depuis des décennies, ne supportant plus de
vivre la peur chevillée au ventre, craignant
d'être caillassées en sortant de la synagogue
le vendredi soir, ayant honte d'avoir à demander
à leurs enfants de dissimuler la petite étoile
de David qu'ils portent autour du cou ou
d'enlever leur kippa quand ils prennent les
transports en commun.
C'est, Monsieur le Ministre, la triste réalité.
Cette réalité est aussi et surtout celle que
vivent nos enfants dans les lieux mêmes où ils
devraient en être protégés : les écoles de la
République.
Dans un ouvrage intitulé "les territoires
perdus de la République" publié aux
éditions des Mille et Une Nuits, des Professeurs
de collèges et de lycées, racontent, de façon
directe, la réalité quotidienne de
l'antisémitisme en milieu scolaire. 238 pages de
scènes vécues, de stupeur, de révolte et de
terreur.
Morceaux choisis.
Un groupe de Professeurs du lycée Bergson à
Paris témoignent : "Deux jeunes filles ont
vu le visage monstrueux de l'antisémitisme. Dans
la cour, au moment de la cantine, elles ont été
entourées par une quinzaine de jeunes élèves
qui leur ont lancé des insultes aux visages :
"Sales juives", "Tu pues le
juif", "T'es une pute, en plus t'es
juive ! », « Vous les juifs avec votre mur à
la con !". Les élèves riaient à chaque
insulte. Mais les humiliations ne furent pas
seulement verbales. Les jeunes filles ont reçu
des pommes et du fromage aux visages. Leurs
vêtements ont été salis. "Les juifs ne se
lavent pas", a lancé un des élèves. Leurs
tortionnaires leur ont ensuite tiré les cheveux
à plusieurs reprises. On leur a ordonné de se
mettre à genoux pour demander pardon d'être
juives. Des élèves ont ensuite méticuleusement
fouillé leurs affaires personnelles, sans rien
voler. Le but du jeu : humilier. Les jeunes
filles tremblaient de peur, mais ne se sont pas
mises à genoux. Elles ont reçu des claques.
Elles ont été menacées de représailles au cas
où elles parleraient. Leur calvaire a duré 40
minutes
»
Cette scène s'est passée en 2002 en plein
cur de Paris.
Il ne s'agit pas d'un cas unique ; de telles
scènes se déroulent de partout en France.
A Agen, une surveillante de collège a été
"repérée comme juive" par quelques
élèves, après qu'une étoile de David en
pendentif soit sortie de son pull, alors qu'elle
se penchait en avant. La nouvelle n'a fait qu'un
tour : "La surveillante est juive !".
C'est l'hallali. Deux heures plus tard, un groupe
d'élèves, âgés de onze à seize ans,
entourent la surveillante et hurlent dans la cour
du collège : "Youpine ! Tueuse de
palestiniens : On va te faire la peau !". La
surveillance s'enfuit, terrorisée".
A Grenoble, un élève de troisième refuse de se
rendre chez le Principal adjoint en déclarant :
"Il n'est pas question que j'aille chez ce
juif".
A Epinay sur Seine, un professeur de collège est
traité de "salope et de sale juive".
A l'Université Paris VIII, des étudiants
refusent que leurs copies soient "corrigées
par une juive".
A Marseille, ces inscriptions sur les murs d'un
collège : "L'holocauste est un mensonge de
l'histoire. Papon rempart contre l'islam. Papon
victime du lobby juif. Libérez Papon".
A Drancy, ces autres inscriptions : "Nique
les juifs" ;"Baise le juif".
A Villepinte : "Mort aux juifs
"
Dans certaines classes, le seul fait d'évoquer
la Shoah provoque un brouhaha total. Le cours sur
l'affaire Dreyfus est souvent impossible à
mener. L'histoire des religions donne lieu à
chahut, tapage, contestation, propos
négationnistes, avec en toile de fond un
antisémitisme déclaré.
A Grenoble, l'étude de "Si c'est un
homme" de Primo Lévi est refusée par un
groupe d'élèves : « on aime pas, c'est
l'histoire des juifs".
Toujours à Grenoble, cet autre professeur
d'histoire raconte qu'alors qu'il traitait de la
Seconde Guerre Mondiale, il a entendu un élève
lancer : "On aime bien l'histoire en ce
moment parce qu'on fait Hitler et qu'il en met
plein la tête aux juifs. Alors, on aime
bien". Un lourd silence s'installe, raconte
le professeur qui, un instant, croit avoir mal
entendu, quand un second élève lance à la
cantonade : "A mort les juifs !".
La liste est longue, répétitive, monotone,
effroyable.
Il ne s'agit pas, Monsieur le Ministre, Mesdames,
Messieurs, de simples "dérapages
conjoncturels", pas davantage d'incivilités
ou de je ne sais quelle poussée d'acné
adolescente venue de "jeunes en
difficulté". Il faut appeler un chat un
chat. Ces agissements, ces actes, ces propos, ces
provocations, ne sont rien d'autre que de
l'antisémitisme.
On pourra gloser des heures sur l'origine de cet
antisémitisme d'un genre nouveau, organiser des
colloques sur l'évolution de l'anti-judaïsme à
l'antisémitisme en passant par l'anti-sionisme,
épiloguer sur les nuances : il restera que
s'attaquer aux juifs parce qu'ils sont juifs,
n'est rien d'autre que de l'antisémitisme. Et
qu'on le veuille ou non, l'antisémitisme sévit
en France.
Plutôt que de reconnaître cette triste
réalité, nos gouvernants, de droite comme de
gauche, ont commencé par se tromper de débat en
défendant la France contre une accusation qui,
ici du moins, ne lui a jamais été fait : que
des actes antisémites soient commis en France,
ne fait pas de la France un pays antisémite. Un
pays antisémite est un pays où l'antisémitisme
constitue une force politique et morale
significative ; c'était le cas de la France de
la IIIe République, celle de Barrès, de Maurras
et de l'affaire Dreyfus. Pas de la Ve
République.
Le CRIF a été le premier à le rappeler à ceux
qui, à des milliers de kilomètres, ont cru
pouvoir porter des accusations aussi
irresponsables qu'injustifiées. Non la France de
Jacques Chirac n'est pas l'Allemagne de
Hindenburg et de Hitler et la violence dans les
banlieues n'a rien à voir avec la nuit de
cristal.
Pour autant, disons-le tout aussi clairement, nos
hommes politiques, à quelques rares exceptions
près, n'ont pas apprécié la profondeur, la
gravité et la spécificité du mal, nous
reprochant même parfois d'exagérer
Il est vrai que cette polémique est née au pire
moment qui soit dans une démocratie : celui qui
précède d'importantes échéances électorales.
Le CRIF n'a pourtant pas cesser d'alerter les
équipes des deux principaux candidats à
l'élection présidentielle contre les risques de
réaction des juifs de France qui se sentaient
trahis, rejetés, sacrifiés sur l'autel des
stratégies électorales.
Plutôt que d'être clairs, trop nombreux sont
nos dirigeants politiques qui ont cherché à
colmater les brèches. On a certes dénoncé les
faits, mais on a pris soin de ne pas en désigner
les auteurs
Un coup pour les juifs, un coup
pour les arabes
sur fond de crise au Moyen
Orient.
Ce n'est pourtant pas faire injure à la
communauté arabo-musulmane que de dire que les
auteurs de ces actes antisémites sont, le plus
souvent, issus de ses membres.
Les sophismes du genre "nous sommes tous des
sémites donc nous ne saurions être
antisémites" n'impressionnent plus que les
ignares et les simples d'esprit. L'antisémitisme
n'est pas la haine de je ne sais quel
"sémite" ; c'est la haine des juifs. !
Et c'est bien de cela qu'il s'agit !
S'il est vrai que l'antisémitisme racial,
d'origine européenne, est en perte de vitesse en
Occident, il est tout aussi vrai qu'il connaît
une nouvelle genèse dans le monde arabe, comme
en témoigne ce feuilleton égyptien
réhabilitant le "Protocole des Sages de
Sion" et avec lui le mythe du "complot
juif".
Cela ne fait bien sûr pas de la communauté
arabo-musulmane l'ennemi des juifs de France. Sur
ce sujet, comme sur tout autre, gardons-nous des
amalgames. Nous en sommes nous-mêmes trop
souvent victimes pour ne pas en connaître les
dangers. La communauté arabo-musulmane n'est pas
plus monolithique que la nôtre et sans doute
bien moins encore.
Monsieur Dalil Boubakeur, Recteur de la grande
mosquée de Paris ne s'y est pas trompé en
stigmatisant récemment "l'islam des
excités".
Ces excités ne sont pas plus représentatifs de
l'islam que l'assassin de Yitzhak Rabin l'est du
judaïsme
Au demeurant, ces jeunes de banlieues, dont le
désuvrement, le désarroi et le manque de
perspective d'intégration sont soigneusement
instrumentalisés ne sont pas les seuls
responsables. La vérité commande de dénoncer
également, et peut être surtout, ces
pseudo-progressistes de tout poil qui les
accompagnent et souvent les précédents, dont
l'anti-sionisme rabique justifie les pires
exactions.
***
Il est temps de dire les choses
avant qu'il
ne soit trop tard. Refuser de voir et de nommer
un péril ne l'a jamais fait reculer. Il l'a
seulement exacerbé.
Le refus d'affronter le danger mine la
République. Car derrière l'antisémitisme,
c'est la démocratie qui est visée.
Minimiser les actes antisémites par crainte de
les voir se développer donne à ceux qui les
commettent un sentiment d'impunité.
De fait, les auteurs de ces actes ne sont que
très rarement identifiés et jugés.
On en perçoit pas suffisamment l'importance et
la gravité.
Ainsi et à titre d'exemples :
- Un automobiliste vociférant "sales
juifs" au sortir d'un office de la grande
synagogue du Quai Tilsitt, s'est vu orienter vers
la maison de justice pour un simple rappel à loi
; il ne s'est pas présenté à ce rendez-vous.
Il a fallu toute l'insistance du Consistoire pour
que l'affaire soit renvoyée en Correctionnelle.
- Un individu porteur d'une arme qui s'est
avérée factice, interpellé à l'entrée d'une
synagogue de l'agglomération Lyonnaise, a été
renvoyé dans ses pénates sans autre forme de
procès
- Aucune information judiciaire n'a, à notre
connaissance, été ouverte, à la suite des
alertes à la bombe qui ont contraint, ces
dernières semaines d'évacuer deux écoles
juives pendant plusieurs heures. Cela n'est pas
anodin. Qui peut imaginer le traumatisme de
jeunes enfants sortis de leur classe, pour
rechercher une bombe
Les affaires à caractère raciste et antisémite
méritent, dans notre pays, un autre traitement.
On considère en effet trop souvent dans nos
commissariats et nos Parquets qu'un vol de
voiture est plus grave qu'une injure raciste.
C'est de toute évidence une erreur : le trouble
à l'ordre social est d'une autre importance.
Puisqu'on en est aux réformes, n'est-il pas
temps de prévoir enfin une simplification des
procédures et une aggravation des sanctions pour
ce type de délit ?
Il n'est plus admissible que les racistes,
antisémites et autres négationnistes continuent
à bénéficier du statut protecteur que leur
confère la loi sur la presse.
Alors qu'ils sont passés aux nouvelles
technologies et à Internet pour véhiculer les
idées les plus effroyables, notre arsenal
répressif relève toujours de la loi du 29
juillet 1881, tout juste complétée en 1972 !
Qu'attendons-nous, Monsieur le Ministre, pour
nous doter enfin d'une loi permettant de
réprimer à la mesure du trouble à l'ordre
social, les sites Internet néo-nazis ou prônant
un islamisme radical ?
La violence de ces sites est inouïe.
Ainsi, ce site spécialement destiné à la
jeunesse, où le joueur est invité à choisir un
personnage qui déambule dans les rues de
Tel-Aviv et que l'internaute doit faire exploser
au milieu des civils. Les enfants touchés
comptent double.
Ou cet autre, autrichien, dans lequel
l'internaute doit gazer le maximum de juifs en un
minimum de temps. Ou encore ce troisième, où
les cibles sont des photographies de noirs ou de
juifs : l'internaute choisit ses cibles, vise et
tue. Bonus pour un juif tué.
Dans cette jungle de l'Internet, les sites
islamistes faisant l'apologie du terrorisme se
taillent la part du lion. Une sorte d'autisme
tente curieusement d'en minimiser la portée.
Pourtant, une simple connexion et une traduction
adéquate permettent de mesurer dans toute son
horreur la dose de fanatisme, d'endoctrinement et
de haine qui caractérise les organisations
radicales fondamentalistes.
La législation doit impérativement, Monsieur le
Ministre, réprimer à la mesure de leur
dangerosité ces "cyber racistes et
terroristes".
La réglementation doit également contraindre
les hébergeurs à "balayer" ces sites
et les fournisseurs d'accès à en filtrer
l'accès, même lorsqu'ils sont à l'étranger.
Il nous faut, sur ce point également, exiger la
tolérance zéro.
***
Même si le sujet est délicat et peut être
précisément parce qu'il est délicat, il ne
peut y avoir d'expression publique de la
communauté juive sans qu'il soit question
d'Israël.
Ce sujet fâche : alors parlons-en.
Et je voudrais commencer à le faire en évoquant
deux anecdotes
Au plus fort des évènements de la seconde
Intifada, j'ai tenu à rencontrer les
représentants des associations de jeunes de
banlieues.
C'est sans doute ce qui a donné l'idée aux
responsables d'une radio périphérique musulmane
de m'inviter à leur antenne pour une émission
qui a duré deux heures.
Je dois à la vérité de dire que j'ai été
merveilleusement accueilli tant par la direction
de la radio, que par la journaliste, jeune femme
aussi directe que "libérée".
L'une de ses questions m'a cependant
profondément troublé.
C'est ainsi que, d'un ton grave, elle m'a
demandé si je n'éprouvais rien à la vision
d'un jeune enfant palestinien tué par des
soldats israéliens.
Interloqué, je m'indignais de cette question qui
induisait qu'en tant que juif, j'étais pour
elle, nécessairement insensible à la douleur
d'une mère palestinienne endeuillée par la
perte de son enfant. J'avoue que je n'imaginais
pas que le fossé de l'incompréhension fut si
profond.
Aussi, je lui retournais sa question en ces
termes : Que ressentez-vous vous-même à la
vision d'un jeune enfant israélien déchiqueté
dans une attaque terroriste ?
Elle tenta pour dissimuler son désarroi de
m'opposer sa réserve de journaliste.
J'insistai
Elle ne répondit pas à ma
question. Je n'en tire aucune conclusion qui ne
pourrait qu'être hâtive. Cette anecdote
explique cependant bien des choses et donne la
mesure du travail qu'il nous faut accomplir.
La seconde anecdote relève hélas de la vie
quotidienne pour bien des juifs confrontés à
l'imbécillité ambiante.
J'ai, en qualité d'Avocat, été invité par les
médias à m'exprimer sur la libération de
Maurice Papon.
Au nombre des lettres anonymes, qui demeurent
hélas dans notre pays une sorte de sport
national nous conférant une bien peu glorieuse
médaille aux jeux olympiques de l'ignominie, ce
pli dont je vous produis ici l'original :
"Jacu, quand vous parlez de Papon, n'oubliez
pas de donner le nombre de palestiniens tués par
les juifs".
Ainsi donc, les juifs seraient, en quelque lieu
qu'ils se trouvent, notamment en France,
suspects, sinon coupables, des évènements qui
se déroulent au Moyen Orient.
Alors, puisque je suis interpellé comme juif, je
réponds comme juif, et je dis la chose suivante:
Les Juifs de France ont le droit de dénoncer
haut et fort le procès qui est fait à Israël.
N'en déplaise aux bonnes âmes qui transforment
les mensonges des "faibles" en vérité
et les vérités des "forts" en
mensonges, assimiler Israël à un pays fasciste
et Sharon à Hitler est aussi absurde
qu'inacceptable.
Prétendre, comme le fait José Bové que c'est
le Mossad qui aurait fait brûler des synagogues
en France ou comparer Jenine à Auschwitz n'est
rien d'autre qu'antisémite.
Il n'appartient pas aux Juifs de France de juger
la politique du gouvernement israélien. Mais ils
ont le droit et le devoir de ne pas hurler avec
les loups. De rappeler que le conflit du Moyen
Orient ne se résume pas à la confrontation
entre de gentils palestiniens et de méchants
israéliens.
Qu'avant d'exprimer des avis définitifs sur ce
conflit, il est indispensable de disposer d'un
minimum de connaissances historiques,
géographiques et politiques et qu'il est
stupéfiant de constater le degré d'ignorance
des détracteurs les plus virulents d'Israël,
dont les connaissances commencent généralement
à la première Intifada
Inutile de leur
parler par exemple du plan de partage proposé
par l'ONU en 1948 et refusé par les Etats
Arabes
Ils ne veulent pas savoir.
Les juifs de France, au même titre d'ailleurs
que nombre de leurs concitoyens, sont révoltés
que le monde civilisé puisse s'accommoder des
attentats suicides perpétrés contre des civils
dans les villes israéliennes.
Permettez-moi à cet égard Monsieur le Ministre,
sans aucune duplicité, de citer Monsieur Eric
Raoult, vice-Président UMP de l'Assemblée
Nationale : "Il faut être logique avec les
propos que nous avons tenus le 11 Septembre 2001
lorsque nous avons dénoncé le fanatisme et le
terrorisme. Israël est le pays où il y a un 11
septembre presque tous les jours. Israël est un
petit bout d'Occident et de démocratie dans une
zone plutôt caractérisée par des oppositions
muselées et par l'intolérance".
Quelle serait la réaction de notre gouvernement
si nos concitoyens ne pouvaient pas prendre le
bus sans peur d'exploser ou s'attabler à une
terrasse de café sans risque d'être
déchiquetés ? L'accepterait-il sans réagir
Monsieur le Ministre ? A quel titre le
Gouvernement israélien, quel qu'il soit,
l'accepterait-il ?
Et que l'on ne vienne pas nous ressortir ce vieux
serpent de mer de la double allégeance. Nous
interdisons à quiconque de contester notre
fidélité indéfectible à la France. Nous
revendiquons le droit à la "double
appartenance" de Romain Gary, à la
"double fidélité" de Raymond Aron, et
tout simplement au "double
attachement".
Ainsi, avons-nous le droit d'être solidaires du
peuple d'Israël au même titre que nos amis
musulmans ont celui d'être solidaires du peuple
palestinien.
Cela porte un nom : la Démocratie.
Les deux ne sont au demeurant pas incompatibles.
C'est ce que nous avons voulu prouver lors de la
manifestation qui a réuni le 7 avril dernier 10
000 personnes dans les rues de Lyon.
Nous tirons, pourquoi ne pas le dire, une
certaine fierté à ce que l'organisation de
cette manifestation ait été critiquée par les
extrémistes de tous bords.
Cette manifestation était une manifestation
contre l'antisémitisme ici et pour la paix
là-bas.
A l'opposé des manifestations
pro-palestiniennes, nous ne voulions aucune
expression de haine.
Bref, nous voulions une manifestation
républicaine.
C'est pourquoi, ce fut une réussite.
Pour être plus clair encore, j'ai déclaré à
l'époque, que si une manifestation était
organisée pour la paix et la création d'un Etat
palestinien aux côtés de l'Etat d'Israël, dont
le droit à l'existence serait réaffirmé, sans
autre slogan ni mot d'ordre, j'étais tout
disposé à y participer.
Ces propos m'ont été reprochés. Je les
réitère ce soir.
Déplorant l'attitude de l'Union européenne dans
la crise du Moyen Orient, le regretté Yitzhak
Rabin a un jour déclaré : "Moins les
Européens se mêlent du Proche Orient, plus nous
avons de chance d'arriver un jour à la
paix".
L'Europe et la France ont pourtant un rôle
déterminant à jouer dans la recherche de cette
sacro-sainte paix juste et durable dont tout le
monde parle depuis si longtemps et que l'on
finira bien par trouver un jour.
Cela passe cependant par une politique
équilibrée de la France sur tout ce qui touche
à cette région du monde.
La France a, à cet égard, manqué une occasion
lors du récent sommet de la francophonie qui
s'est tenu à Beyrouth : celle d'imposer à ce
sommet la présence d'Israël dont le cinquième
de la population est d'origine francophone.
Voilà qui aurait constitué un geste fort. La
France imposant la présence d'Israël au nom de
la francophonie. Les belligérants sommés de se
parler dans la langue de Voltaire
Plutôt que cela, il nous a fallu écouter le
Président Emile Lahoud condamner, non seulement
la politique d'Ariel Sharon, mais l'existence
même d'Israël "Etat créé pour la
colonisation et la conquête
" et ce en
présence du leader spirituel du Hezbolah qui
lui, était convié !
Quelle erreur
quelle occasion ratée !
Que penser par ailleurs de la tiédeur des
réactions de nos autorités face aux appels aux
boycotts en tous genres visant l'Etat d'Israël
et, par glissements subreptices, les
"entreprises juives" ou réputées
telles. Nos aînés se souviennent de cette même
propagande des années 30 en Allemagne:
"quiconque achète chez des juifs est un
traître à son peuple".
Qui réagit ? Hormis, il est vrai un groupe de
parlementaires hélas peu nombreux qui a demandé
au Garde des Sceaux de faire respecter la
loi
Ne vous méprenez surtout pas, Monsieur le
Ministre, Mesdames et Messieurs les élus,
Messieurs les représentants de l'Etat et des
Corps constitués, mes propos ne sont pas
subversifs : ils ne sont que l'expression d'une
supplique à la République émanant d'une partie
de ses citoyens.
Parce qu'il est temps de retrouver les
territoires perdus de la République.
Parce que le meilleur représentant des Juifs de
France doit être le Président de la République
lui-même.
Les mythes fondateurs de l'antisémitisme... de Carol
Iancu
" Le Juif est perfide, le Juif est
démoniaque, le Juif est un usurier. De
l'Antiquité à nos jours se sont perpétués
nombre de mythes, de calomnies monstrueuses qui
ont donné naissance à un racisme antijuif
virulent : l'antisémitisme. Déjà, dans le
monde égyptien, mais aussi au Moyen Age, des
ignominies sont proférées à l'encontre du
peuple juif... "
Un
antisémitisme ordinaire. Vichy et les avocats
juifs (1940-1944) de Robert Badinter
DOSSIER AL-MANAR
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de livres, thème ISRAEL : Désinformation,
manipulation, propagande...
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