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Le
Permafrost, cest un
semi-continent recouvrant
à peu près 20 % des
superficies terrestres,
et dont la terre est
gelée - 27
juillet 2009
Gelée ? Du moins létait
elle, mais avec les
quelques degrés de
réchauffement climatique
déjà acquis, ces
millions de kilomètres
carrés sont en train de
dégeler, menaçant de
libérer des milliards de
mètres cubes de
méthane...
Or le méthane est un
puissant gaz à effet de
serre...
Si cette libération
commence à se produire,
cest lemballement
du réchauffement
climatique qui risque de
se produire : une
réaction en chaîne dont
on ne peut pas imaginer
les conséquences... tout
juste sait-on quon
risque la catastrophe
planétaire.Permafrost
???
Bien étrange mot en
vérité ! Que
recouvre-t-il au juste ?
Ce phénomène
géographique du Grand
Nord nest pas une
réalité très connue du
public ou des médias . Cest
un processus complexe
fréquenté seulement par
une poignée de savants
et de spécialistes
(climatologues,
géologues,
géophysiciens
) qui
sintéressent
depuis longtemps à ces
étendues austères,
pétrifiées dans laridité
et qui sétalent de
la Laponie au Labrador en
passant par les
immensités glaciales de
Sibérie.
Autant dire quil sagit
dun semi-continent
recouvrant à peu près
2O% des superficies
terrestres. Toute la
planète est donc
concernée par cette «
nature » extrême tant
par les sols, lhydrographie,
la faune ou la flore. Ce
sont surtout les
évolutions récentes
celles liées au
réchauffement
climatique- qui
mobilisent les
attentions. Une
accélération
inquiétante de certains
mécanismes de fonte
oblige à regarder avec
gravité les
bouleversements de cette
région.
Jusquà date les
observations faites (par
les instituts de
recherche) montraient une
permanence du gel en
profondeur tandis que les
parties superficielles
(partie dite « active
») subissaient le dégel
durant la courte période
estivale (trois mois). La
glace dans la sous-couche
figeait les terrains et
ceux-ci restaient
homogènes, stables et
solides. Ce qui explique
certaines installations
urbaines (Irkoutsk en
Sibérie) qui pouvaient sappuyer
sur la masse dure pour
poser les fondations des
constructions ( piliers
des immeubles). Larrivée
des températures
positives (juin)
déclenche une «
explosion » de vie qui
se répercute sur les
formes de germination, de
reproduction ou de
floraison (le pullulement
des moustiques étant la
traduction la plus
concrète et la plus
insupportable de cet
emballement en
accéléré du vivant).
Plusieurs expéditions
scientifiques remettent
toutes ces notions en
cause. Norvégiens et
Canadiens viennent de
constater des
modifications très
sensibles dans les
structures du permafrost.
Nos connaissances sur le
sujet sont en train de
basculer. Dans quel sens
? Le point capital
relevé par les experts
concerne la permanence
dans le temps des couches
de profondeur (qui
pouvaient atteindre
plusieurs dizaines de
mètres). Elles
assuraient la cohérence
des sites pour limplantation
des dispositifs
industriels. Le facteur
nouveau et
alarmant- cest le
dégel « complet » de
la stratification
interne. La surgélation
ne fonctionne plus ! Une
large portion de frange
circumpolaire (Labrador,
Sibérie) serait
affectée par cette
donnée insolite.
Pour les non-initiés ou
pour le citoyen ordinaire
ce constat technique ne
présente pas un
intérêt théorique ou
scientifique majeur.
Erreur considérable !
Car les impacts sur la
biosphère (cours deau,
insectes, mammifères
)
seront très vite
déterminants. Il y a
pire : le dégel en
question met en route des
réactions biochimiques
touchant les mousses, les
lichens, les
microorganismes dont la
densité est ici
impressionnante. Cet
enchaînement de
transformations «
libère » dans la
biosphère des volumes
gigantesques de méthane.
Ce gaz est 15 à 2O fois
plus nocif que le CO2
dans la « fabrication »
de leffet de serre
! Il faudra attendre,
bien sûr, dautres
expertises et dautres
études sur la zone afin
de confirmer ce
descriptif. Il conviendra
alors de croiser les
chiffres, de vérifier
les sondages effectués
et détendre les
calculs sur tout le
territoire quadrillé.
Les premiers éléments
obtenus tracent dans le
ciel un énorme signal
rouge. Sur cette base, et
compte tenu de ce que
nous possédons, comment
juger des impacts de
cette difficulté
biogéographique ?
Soit les spécialistes se
trompent de façon
grossière ; ils
surévaluent par exemple
les dégâts, extrapolent
les chiffres, analysent
à la hausse des
éléments marginaux.
Dans cette hypothèse de
lerreur collective
notre inquiétude va vite
sestomper. Des
contre-observations
démentiront « létendue
du mal » : on peut ,
dans cette direction de
pensée, se tranquilliser
et concentrer nos soucis
sur des sujets plus
pertinents.
Soit les universitaires
ont bien ciblé le
problème ! Ils ont
raison parce quils
ont mis le doigt sur un
terrible drame qui touche
lécosystème du
monde entier. La
perception change de
registre ! Pourquoi ?
Parce que le quart de
notre globe va «
produire » dans les
années qui viennent un
volume de méthane (dimportance
inimaginable) susceptible
de déséquilibrer « en
grand » toute notre
enveloppe habitée. Cest
une menace quon
pourrait qualifier de «
totalitaire » tant elle
bouscule toutes les
interactions entre leau,
lair, les plantes,
les animaux et lhomme.
Les parades
technologiques contre ce
type dennemi
paraissent, à première
vue, caduques ou
frappées dimpuissance.
Car ce sont des millions
de km2 qui vont être
soumis aux retombées
polluantes dun gaz
meurtrier.
Que devient le «
projet-planète » ?
Terrible paradoxe de
cette modernité ! Cest
au moment où notre monde
occidental tente de se
dégager des nuisances
industrielles ou
urbaines, tente de sextraire
des pièges
énergétiques, quon
vient lui annoncer larrivée
imminente dune
tornade incontrôlable et
irrésistible ! Nos
convictions et nos
idéaux sarrachent
de leur inertie
et
tout à coup un sombre
destin se profile à lhorizon
! Nos élites et nos
responsables, depuis une
dizaine dannées à
peine, quittent les
inconsciences coupables,
élaborent un «
projet-planète »
durable
et se font
rattraper par un
misérable mécanisme
enfoui dans les
profondeurs de la toundra
!
Le dégel du Permafrost
menace le climat
« Lusine à gaz »
qui sinstalle entre
larctique et la
forêt boréale va nous
couper les jambes. Le
péril est plus fort que
celui de la montée des
eaux parce que les masses
gazeuses engendrées par
le site sétalent
sur des distances
colossales. Ajoutons à
cette vision pessimiste
une note encore plus
sévère : le permafrost
en « combustion
organique » ressemble à
un raz-de-marée qui
fonctionne en continu ,
se développe de façon
presque invisible et
concerne des paysages
désertiques ou
semi-désertiques ! Aucun
témoin (ou presque) pour
constater sur place la
progression des échanges
perfides. Ces zones sont
vides dhommes : il
sera délicat de
mobiliser lattention
et la sollicitude des
gens de Madrid, de
Londres ou de New York
afin quils
défendent des espaces
coupés de toute
habitation et privés de
ressources économiques
exploitables ( privés
également denjeu
stratégique ! ) . Est-ce
possible de simpliquer
dans une difficulté
quand la distance
matérielle et
psychologique aux choses
est énorme ?
Tout ceci laisse à
penser que la « machine
infernale » du méthane
(détecté depuis peu) va
tourner à plein régime
et « tuer » les
écosystèmes sans que
les sociétés
développées puissent
songer à intervenir de
façon efficace. Ainsi
les grands pays
démocratiques de la
planète , à la veille
de lAn 2ooo,
estimaient avoir accompli
un pas décisif en
direction dune
reconquête des
territoires contaminés
par les processus
polluants. . En somme,
tandis que nos hommes et
nos institutions saffairaient
à réparer la cuisine et
le salon de la villa
cest le premier
étage qui est en train
de brûler et le grenier
qui part en fumées !
Dans le contexte de crise
internationale que nous
traversons (crise
bancaire, sociale,
financière) les
crispations qui se
dessinent les
conflits de classes qui
se préparent, ne vont
guère favoriser la prise
en charge des zones
périarctiques
ces
endroits solitaires et
dénudés où il ne se
passe strictement rien de
spectaculaire !
Un « plan de défense du
climat »
lequel ?
Le permafrost, cet ennemi
venu du froid, dans sa
métamorphose actuelle
est parfaitement capable
de mettre à genoux nos
cybersociétés
en
réduisant à rien les
équilibres les plus
précieux de notre
environnement . Lesquels
équilibres sont promis
à une dislocation
certaine. La seule
attitude convenable,
cohérente (et
intelligente) qui simpose
à nous emprunte le canal
dun « plan de
défense » à léchelle
du cosmos. Une entreprise
de solidarité
éprouvante pour tous les
continents. (entreprise
quon pourrait
soupçonner dêtre
utopique). Il faudrait
bâtir au plus vite des
digues, des remparts
(lesquels ?), des
modèles de riposte
contre ce péril qui
annonce des chaos ou des
enlisements.
Mais avant même daborder
cette phase
constructiviste,
volontariste du futur, le
préalable de la méthode
suppose une approche
transparente de la
cruelle vérité
chimique. Traiter la
menace en lexpliquant,
en la décortiquant, en létudiant
au plus près, face à
tous et en pleine
loyauté de parole :
voilà la matière qui simpose
à la réflexion. La
définition dun
langage vrai décidera de
la qualité de notre
lutte, de nos combats à
venir contre le fléau,
contre cette démesure
irrationnelle qui sacharne
à polluer le limes
arctique. Est- ce bien le
discours qui sera tenu ?
Est-ce bien cette
philosophie qui sera
adoptée ?
Source : http://www.passerelleco.info/article.php?id_article=885
Chafik LAMRABAT
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