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Congo
Kinshasa : lenfer !
- 3 mai 2007
Cest depuis la fin
de lannée 2006 que
les institutions de la 3e
République ont commencé
à voir le jour en
République Démocratique
du Congo avec la
prestation du serment
constitutionnel par le
Président élu Joseph
KABILA KABANGE qui, le 06
décembre 2006, prenait
officiellement les
commandes du Congo
Kinshasa, pour un mandat
de 5 ans.
Depuis, dautres
institutions ont vu le
jour notamment, les deux
chambres du Parlement à
savoir : lAssemblée
Nationale et le Sénat ;
le Gouvernement Central,
les Assemblées
provinciales et les
gouverneurs des provinces
élus sont
opérationnels. Il ne
reste que les
Gouvernements provinciaux
à mettre en place et lorganisation
des élections locales et
municipales par la
Commission Electorale
Indépendante (CEI) dont
les dates ne sont pas
encore connues.
Mais toutes ces
institutions, surtout le
Gouvernement central qui
est le pouvoir exécutif,
semblent battre de laile
tant le peuple ne sent
pas leffectivité
de son existence au
regard des promesses lui
faites et à ses besoins
primaires toujours non
satisfaits.
Ici, les Congolais
semblent désabusés par
la manière dont les
dossiers importants sont
traités au sommet de lEtat
où tout prend lair
banal. Nous allons
essayer de relever, dans
les lignes qui suivent,
quelques faits qui
choquent tous les
Congolais et qui
prouvent, si besoin en
est, labsence du
pouvoir depuis quun
Gouvernement des élus
(sic) a été mis sur
pied le 05 février 2007.
Le choix des
membres du Gouvernement
Le Président Kabila et
le Premier Ministre
Gizenga ont eu à signer
conjointement lordonnance
n°07/001 nommant les
membres du Gouvernement.
Lopinion se
souviendra que les deux
hommes avaient mis plus
du temps que voulu pour
rendre public léquipe
gouvernementale qui, à
sa publication, a été
jugée éléphantesque et
ne répondait surtout pas
à la géopolitique
chère aux Congolais.
On a noté la
disproportion dans la
représentation de
certaines provinciales
comme le Kasaï
Occidental qui se
retrouve avec un seul
ministre sur les 60
nommés et la sur
présentation des
provinces dorigines
du Président de la
République Joseph Kabila
et du Premier Ministre
Antoine Gizenga sans
oublier la province
maternelle du Président
qui sort aussi avec une
très bonne part du
gâteau. Les trois
provinces constituent à
elles seules, la moitié
du Gouvernement.
Il y a aussi le cas dun
ministre nommé et qui,
jusquaujourdhui,
na jamais fait
signe de vie et le
formateur Gizenga qui
avait la charge de
filtrer les candidatures,
a confirmé navoir
pas vu Monsieur Kasongo
Ilunga car, cest de
lui quil sagit,
candidat du parti
politique UNADEF, nommé
ministre du Commerce
Extérieur.
Quand on sait que chaque
parti politique
présentait plus dun
candidat au choix du
formateur, on se demande
comment dans ce cas despèce,
Gizenga a mordu pour un
candidat quil ne
connaît pas et quil
na jamais vu !
Tout est clair, il y a eu
une dose suffisante dirresponsabilité
dans le choix des
personnes ministrables
qui entame aujourdhui
la crédibilité des
signataires de lordonnance
de nomination des
ministres déjà
évoquée ci-dessus.
Chose étonnante, aujourdhui,
personne ne parle de ce
dossier alors que le
poste de ministre du
Commerce Extérieur est
toujours vacant ! Allez y
comprendre quelque chose.
Toujours dans cet ordre dirresponsabilité
dans le choix des
ministres, les Congolais
ne comprennent pas quun
part politique, puisse
présenter Monsieur
Jean-Claude MUYAMBO
KYASSA et son épouse
Liliane PANDE MUABA comme
des ministrables du
CODECO et que les deux
soient retenus
respectivement Ministres
des Affaires Humanitaires
et Ministre des Titres
Fonciers !
Les limites
frontalières
Depuis lavènement
de la 3e Réplique, le
Congo Kinshasa est
confronté aux problèmes
des conflits frontaliers
sans nombre.
Dans la province du
Bandundu, loccupation
dune partie du
territoire de Kahemba par
larmée angolaise
ne cesse dalimenter
les conversations à
travers le pays où on se
demande si lEtat
existe et pourquoi il ny
a pas une réaction
conséquente par rapport
à cette occupation
jugée préméditée et
provocatrice de la par dun
pays frère.
Il ny a pas que
Kahemba qui intéresse
les Angolais. Dans un
autre territoire voisin
à ce pays, plus
précisément dans le
territoire de Tshikapa,
dans la province du
Kasaï Occidental cette
fois, larmée
angolaise utilise les
hélicoptères pour
survoler les cités
minières de Kamonia,
Kamako, Kabungu,
Kamabanji, Diboko,
Sumbula?et ce, sans
autorisation des
autorités congolaises
qui ne demandent pas dexplication
à leurs voisins sur le
mobile de ces
infiltrations aériennes
que certaines langues
affirment être
autorisées par le
pouvoir actuel de
Kinshasa.
Cette situation ne
sécurise pas les
paisibles habitants de
ces coins qui croient à
léminence dune
guerre doccupation
comme le pays en est
habitué et ne
comprennent pas pourquoi
il ny pas une
réaction quelconque de
la part du pouvoir sensé
les sécuriser.
Ce nest pas tout.
Au nord du pays, on
signale plusieurs cas
analogues dont le pouvoir
semble ne pas sintéresser.
Les Ougandais continuent
à faire la loi au
Sud-Kivu. Les Ruandais
sont maître au
Nord-Kivu. Dans la
province Orientale (Haut
Congo), les transhumants
Tchadiens, Centrafricains
et autres Libyens ont
chassés las autochtones
avec les armes dans
toutes les localités où
ils se sont installés
comme en territoire
conquis. Côté de la
province du Katanga, les
voisins Zambiens nhésitent
pas denvahir le
Congo par le district de
Kipushi et tous ces cas
semblent ne pas émouvoir
le pouvoir en place qui,
par contre, sy
accommode très bien.
Des signes qui ne
trompent pas
Depuis son investiture
jusquaujourdhui
voici trois mois, le
Gouvernement central
semble, pour les
Congolais et autres
observateurs, ne pas
exister tant il est
dépassé par les
événements.
Des mouvements de grève
sont signalés partout à
travers la République.
Le puissant Office des
Douanes et Accises, OFIDA
en sigle, grand
pourvoyeur du budget de lEtat,
réclame le paiement des
salaires de ses agents
pour trois. Dailleurs,
il y a une semaine ou
plus, les travailleurs de
lOFIDA à Kinshasa
ont marché jusque chez
le Premier Ministre pour
lui manifester leur
mécontentement et
affirmer leur volonté daller
en grève tandis que sur
lensemble du pays,
aucun guichet de lOFIDA
nétait ouvert ce
jour là. Quel manque à
gagner pour le Trésor
public ?
La situation est encore
pire à la géante
Minière de Bakwanga,
MIBA en sigle, qui est le
poumon de léconomie
de la province du Kasaï
Oriental. Avec huit mois
darriérés de
salaires, les
travailleurs refusent,
avec raison, de
travailler et encore une
fois, les recettes
publiques sont
amenuisées.
Que dire de la Société
Nationale des Chemins de
Fer du Congo, SNCC en
sigle ? Ici, les
travailleurs totalisent
plus de 20 mois darriérés
de salaires et se
trouvent en grève bien
avant la fin de lannée
dernière. Cette
situation a beaucoup
affecté les deux
provinces du Kasaï dont
lessor économique
est lié à la voie
ferrée aujourdhui
presque
inopérationnelle.
Dans certains services
publics, les
fonctionnaires et agents
de lEtat ont 20
mois darriérés de
salaires et ne vont au
travail que pour faire
acte de présence
seulement. Cest
dire que la production
est en arrêt nen
déplaise aux
fournisseurs dillusions.
Ces quelques cas ne sont
quillustratifs car,
rien ne va dans toutes
les entreprises
étatiques et il est
clair que lEtat
Congo est incapable dassumer
ses responsabilités.
Plusieurs appels au calme
et à la patience lancés
par le pouvoir en
direction des agents
grévistes sont
considérés comme de la
provocation délibérée
par ces derniers et ne
sont pas suivis.
Suite au
précédent
Dans le même ordre didées,
on remarque que labsence
du budget pour lexercice
2007 jusquà ce
jour, constitue un
dysfonctionnement de lEtat.
Daucuns se
demandent comment un Etat
responsable peut-il
fonctionner la moitié de
lannée sans
indicateurs réels.
Le Congo va vivre, jusquen
juin ou plus, avec des
crédits provisoires. La
vérité est que le
nouveau Gouvernement mis
en place à Kinshasa ne
peut pas démarrer lun
des 5 chantiers du
Président Kabila tant le
budget de lannée nest
pas encore prêt.
A cet élément, sajoute
lappréhension quà
tout le monde en ce qui
concerne le respect des
textes fondamentaux qui
réglementent la vie dans
ce pays.
On prend pour preuve
cette démarche du
Ministre Congolais de lIntérieur
qui ne tient pas compte
de la large autonomie de
gestion que la
Constitution de la 3e
République accorde aux
Exécutifs et Parlements
provinciaux par rapport
au pouvoir central.
Monsieur le Ministre a
mis sur pied un projet dorganisation
dun « Forum
National sur la
Décentralisation »
alors que cette matière
a déjà été réglée
par le législateur qui y
a consacré plusieurs
articles de la
Constitution touchant aux
finances publiques. Nous
citons en exemple larticle
3 qui stipule : « les
provinces et les entités
territoriales
décentralisées de la
RDC sont dotées de la
personnalité juridique
et sont gérées par les
organes locaux ». Il y a
aussi larticle 117
qui dispose que « Les
finances du pouvoir
central et celles des
provinces sont distinctes
» et larticle 204
est sans ambiguïté
quand il stipule : sans
préjudices des autres
dispositions de la
présente Constitution,
les finances publiques
des provinces sont de la
compétence exclusive des
provinces ».
Au regard de cette
situation, il ny a
pas de doute que le
pouvoir central veut
avoir la main mise sur
les finances provinciales
comme du temps de la
transition ou de la 2ème
République de triste
mémoire.
Le mot de la fin
Tout ce tableau de la
République Démocratique
du Congo que nous venons
de peindre ne présage
rien de bon pour lavenir
de ce pays en ce début
de la 3e République
naissante.
Les espoirs que les
Congolais avaient mis
dans le processus
électoral qui a donné
naissance aux
institutions actuelles de
la République sévanouissent
du jour au jour et nous
ne nous trompons pas en
affirmant quaujourdhui,
la RDC est un véritable
enfer où la vie nest
pas bonne à vivre.
Qui dit mieux ?
Richard KABAMBA
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