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Offre n° 1
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DEPARTEMENT
D'OUTRE-MER
SOMMAIRE
- De
notre correspondant en
Guadeloupe, François
de la Salette
RACISME
ANTILLAIS TOUJOURS ET
ENCORE... - 8 juillet
2009
L'association "Tous
Créoles" publie ce
texte que l'on peut
retrouver sur le site le
scrutateur.com
Le récent conflit qui a
ébranlé la Martinique
s'est accompagné d'un
parfum de polémique
raciale qui devrait
interpeller chacun de
nous, qu'il soit noir,
métis, indien, chinois
ou blanc. Le slogan «
Matinik ce ta nou, ce pas
ta yo », (c'est à
"nous" pas à
"eux") aux
contours assez flous pour
permettre à chacun de
s'y projeter, a renforcé
un sentiment de malaise,
en réintroduisant dans
nos imaginaires, les
vieilles nuances de
couleur de peau qui ont
pendant longtemps
structuré nos relations
sociales.
Dans une société
martiniquaise métisse
par essence, comment
définit-on le « Nou »
et le « Yo » ? Mon
«Nou» à moi, qui par
exclusion définit le
«Yo» à bânir, est-il
le même que le votre ?
Que veut dire le « nou
kay foute yo déwo »
?(on va les foutre
dehors) Quel est ce
«dedans» et ce
«dehors» par rapport
auquel nous nous
définissons, dans un
monde en réseau, quand
la Martinique produit un
tiers de sa consommation,
quand un tiers des
martiniquais, nos frères
et surs, vit
ailleurs ?
Francis FUKUYAMA a écrit
la fin de l'Histoire
parce qu'elle ne fait
plus que se reproduire.
Nous sommes pris de
vertige, en la
parcourant, quand les
peuples, oubliant ses
enseignements, refont les
mêmes erreurs.
Cherchons dans les
leçons de l'histoire,
l'exemple d'une
régression raciale par
oppression d'une
minorité au sein d'une
même nationalité, dans
une période de
récession économique,
sous fond de révolte
sociale ; nous la
trouvons dans les débuts
du régime de Vichy
après la crise de 1929
et la défaite de 1940.
Le quotidien de France
non occupée a d'abord
changé, l'air de rien,
par le contrôle des
médias, au service d'une
manipulation de
l'opinion, sur la base
d'un sentiment
d'oppression, dans une
situation économique et
sociale en crise. Dans le
discours ambiant, il
fallait exacerber
l'identité nationale
pour reconstruire une
nouvelle société,
lavée de toute honte, en
désignant un bouc
émissaire, responsable
de tous les maux,
permettant d'expulser la
cause du mal, de donner
un sens à la souffrance
sociale, de la
transformer en injustice.
Le statut vichyssois de
1940 est alors présenté
comme une réforme
sociale et le racisme est
au départ absent du
discours politique...
tout comme sa
condamnation !
L'exclusion du bouc
émissaire de certains
emplois et fonctions
publiques est d'abord
présentée comme une
mesure économique et
sociale.
La tentation de l'enfer
prend toujours les atours
d'un discours séduisant
parce qu'il en appelle à
nos instincts, à la
bête, en nous plutôt
qu'à notre raison,
plutôt qu'à cette
aspiration à l'universel
qui fait le propre de
l'être humain.
Quand, à la saison des
pluies, les antilopes se
noient si nombreuses, au
passage du guet, dans la
savane africaine, les
chacals et les hyènes se
repaissent ensemble sans
se soucier les uns des
autres. Mais quand
viennent les temps de
pénurie, de famine, les
uns et les autres se
regroupent en espèces et
finissent par
s'entre-tuer.., ainsi va
la sélection naturelle !
Blanc contre noirs, noirs
contre indiens, indiens
contre chinois, chinois
contre tibétains, juifs
contre arabes, arabes
contre perses, serbes
contre croates, turcs
contre kurdes, tootsie
contre hutus, tamouls
contre cingalais... la
liste des conflits
ethniques est longue,
l'hydre malfaisant du
racisme est partout.
Parce qu'une civilisation
quelle qu'elle soit, ne
peut pas tuer l'animal en
nous, le danger est
latent et resurgit à
chaque crise. Il y a en
l'homme cette propension
monstrueuse à la haine
de l'autre qui nous
poursuit comme le fil
d'Ariane de notre
histoire.
Notre histoire de la
Martinique est celle des
derniers Caraïbes
contrains de fuir à la
Dominique, des premiers
blancs colons en
recherche d'aventures,
des noirs réduits en
esclavage, des marrons en
recherche de liberté,
des métis en demande de
citoyenneté, des indiens
engagés après
l'abolition, des chinois,
des libanais en quête
d'une terre meilleure,
des alliances plus ou
moins heureuses, plus ou
moins assumées qui ont
donné cette
extraordinaire diversité
des types, cette
philosophie de la
coexistence, cette
variété des couleurs,
cet imaginaire du
langage, de Fart, de la
cuisine, de la musique,
de la danse, cette
curiosité de l'autre qui
font de notre façon
d'être au monde, une
singularité : « ceux
qui n'ont inventé ni la
poudre ni le canon, mais
ceux sans qui la terre ne
serait pas la terre »,
écrivait Aimé CESAIRE.
Martin Luther King,
confronté à
l'obscurantisme racial du
sud des Etats-Unis dans
les années 60 disait que
l'on ne combat pas
l'obscurité par
l'obscurantisme, en
prônant la non violence
et le respect de l'autre.
Sans sa lutte pacifique,
parce qu'elle ne laisse
pas prise à la
justification de la haine
et de la violence, sans
ces victoires obtenues
contre un système
oppressif, aurions-nous
connu l'élection
récente d'un Barack
OBAMA ?
Aujourd'hui Barak OBAMA
prône une société
interculturelle, quand
Jacob ZUMA, le nouveau
président de l'Afrique
du sud, a fait campagne
sur le projet d'une
société non raciale.
Ces peuples auraient-ils
été moins durement
éprouvés par la
ségrégation que notre
Martinique, pour chercher
dans la voie de la
réconciliation, par
l'accueil des bonnes
volontés, le chemin de
leur salut ?
Robert BADINTER, dans un
discours emporté, lors
d'une commémoration du
Vél' d'Hiv', a dit que
nos morts nous regardent,
nous écoutent, quand
nous parlons d'eux. Nous
avons envers eux un
devoir de mémoire, de
vérité et de justice.
En parlant de
réparation, c'est au nom
de nos ancêtres que nous
nous exprimons. Mais
cette réparation que
certains appellent de
leurs vux ne
serait-elle pas l'autre
face de la même pièce
de la société hideuse
de la ségrégation?
A quoi ressemble notre
posture de victime, quand
nous nous érigeons en
tribunal de l'histoire,
au risque de nous en
faire les bourreaux ?
Notre devoir de témoins
historique de
l'oppression ne serait-il
pas plutôt celui de la
non violence. Parce que
notre Martinique est née
de l'oppression pour
grandir dans la
diversité, il est encore
plus honteux de notre
part de céder à la
facilitée du racisme et
de l'exclusion. Ceux-là
même qui condamnent
l'oppression dans le
monde se fourvoient à
provoquer ou à se faire
complice, par leur
silence, populiste ou
craintif, des
débordements raciaux,
même individuels et
isolés.
Michel GIRAUD écrivait
que la tentation à la
crispation identitaire
prend racine dans le
réflexe d'une identité
propre, fermée sur
elle-même, qui, en
dépit des dénégations
dont parfois elle
s'affaiblit, ne
peut-être qu'excluante
parce qu'elle est
exclusive... Le remède
est pire que le mal! Le
racisme sous ses
différentes formes,
parce qu'il est une
négation de l'humanité
dans ce qu'elle a
d'universel, ne saurait
être combattu qu'au nom
de principes
universalistes et par des
mobilisations qui
transcendent les
communautés.
Qu'est-ce qu'être
martiniquais aujourd'hui
? Etre né en Martinique
de parent et de grands
parents martiniquais ?
Vivre en Martinique
depuis plusieurs années
? Savoir parler créole ?
Savoir cuisiner le migan
? Etre de la bonne
couleur de peau, au bon
moment, au bon endroit ?
Ne pas avoir «l'air
blanc» ?... Laquelle de
ces tentatives de
définition permet de s'y
retrouver entre le « Nou
» et le « Yo » ?
Laquelle n'ouvre pas la
voie à
l'interprétation, aux
erreurs et aux abus dont
chacun représente un
délit contre l'humain ?
Laquelle ne court pas le
risque d'une secrète
conviction de sa
supériorité dans la
proclamation de sa
différence, comme
l'écrit la philosophe
Tunisienne Hélé Béji ?
A quand une commission du
peuple, chargée de
distinguer le vrai du
faux parmi les candidats
à la «martiniquité »
?
Que voulons-nous
enseigner à nos enfants
? Qu'ils sont nés à
Redoute, ont fait leur
scolarité à Fort de
France, leurs études à
Schoelcher, leurs stages
au Lamentin et qu'ils
n'ont pas à s'inquiéter
parce qu'en passant un
concours protégé, ils
occuperont à vie des
emplois que nous leur
auront réservés, parce
ce qui ressemble à s'y
méprendre à de la
discrimination
raciale?... Et cela dans
l'ignorance d'un monde
qui se globalise ? Dans
lequel la taille critique
permettant d'influer sur
son propre devenir, se
compte désormais en
centaines de millions
d'habitants ?
Ne devrions-nous pas
plutôt leur apprendre
qu'ils en valent autant
que n'importe quel autre,
qu'ils peuvent eux aussi
conquérir le monde, se
tourner vers l'universel,
à partir de leur
histoire, de leur culture
martiniquaise et de cette
volonté de tutoyer les
meilleurs qui poussaient
nos anciens vers le ciel
?
Au-delà de la pseudo
justification historique,
y a-t-il une réelle
différence entre notre
« Matinik ce ta nou,
nous kay foute yo déro
» et le «la France est
à nous, nous voulons la
préférence nationale»
d'un Jean-Marie LEPEN,
que nous exécrons ?
Prenons garde à ne pas
nourrir à nouveau cette
fleur vénéneuse qui a
déjà rongé notre
histoire pendant
plusieurs siècles. N'y
perdons pas notre âme,
A ceux qui rêvent de
changer notre Martinique,
je dis que la politique
est un noble art, quand
elle prend racine dans la
force d'une conviction
persuasive, à l'écoute
de l'intérêt général.
Mais il n'y a pas une
seule forme de contrainte
d'une minorité sur sa
population, physique ou
psychologique, même
parée des meilleures
intentions, qui ne
rappelle la pieuvre du
totalitarisme, avec sa
volonté de priver
l'individu de sa liberté
de choix, de rééduquer
les consciences, au
risque de se tromper.
A ceux-là qui
s'offusqueront en criant
à l'infamie pour
répéter à loisir que
notre mouvement n'avait
rien de racial je dis que
l'on ne peut ignorer ses
dommages collatéraux, je
dis que le silence, la
tentative d'explication,
l'absence de
condamnation, les
positions frileuses face
à certains débordements
sont des positions
dangereuses. Le racisme
deviendrait-il moins
condamnable, en voie de
respectabilité quand il
est exprimé par la
jeunesse victimaire de
nos quartiers
défavorisés ? Ne lui
devons-nous rien d'autre
comme perspective que la
désignation d'un Autre
en bouc émissaire ;
excuse facile à nos
manquements ?
A ceux qui rêvent d'un
épanouissement
personnel, familial,
amical, professionnel,
social à la Martinique,
pour eux et pour leurs
enfants, je rappelle en
note d'espoir que la
société civile
martiniquaise en
particulier, au diapason
d'autres ex-colonies, a
été à l'initiative du
combat sur les droit de
l'homme et du citoyen au
sein de la Révolution
Française, par l'effort
d'une classe sociale non
possédante, en recherche
d'égalité des droits.
Ce combat pour
l'égalité s'est
poursuivi à la fin du
XIXème siècle pour la
mise en place d'une
école pour tous,
l'accession à la
propriété, au service
de la promotion sociale,
d'une redistribution des
cartes au sortir de
l'esclavage, comme
l'écrivent Elisabeth
LANDI et Silyane LARCHER,
respectivement
historienne et
politologue
contemporaines
martiniquaises. A
ceux-là je dis que vivre
en Martinique, être
martiniquais ce n'est pas
ignorer l'histoire pour
les uns, la réécrire à
sa manière pour les
autres, c'est prendre le
temps de l'apprendre,
emprunter le chemin ardu
de la connaissance pour
savoir qui nous sommes,
quels sont ceux qui nous
accueillent ; pour ne pas
ignorer les combats de
nos ancêtres, pour leur
en reconnaître le
mérite en ce que leurs
choix peuvent éclairer
les nôtres. Nous voulons
ainsi poursuivre, avec
tous les hommes et les
femmes de bonne volonté,
notre participation à la
grande histoire de
l'humanité.
Franck De La
SALETTE
http://guadeloupe-decharge-geante.over-blog.com
Note FDLS : on peut
remplacer à volonté
Martinique et
Martiniquais par
Guadeloupe et
Guadeloupéen.
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