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Offre n° 1
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DEPARTEMENT
D'OUTRE-MER
GUADELOUPE
- De
notre correspondant à
Toulouse, Michel
Pierre AUTISSIER
Témoignage sur la grève
en Guadeloupe - 1er mars
2009
Je vous envoie ce mail un
peu long, certes, mais je
voudrais vous dire deux
ou trois choses, que vous
ne voyez pas trop dans
les JT de Canal+, France
Télévision, TF1, M6,
LCI... à propos de la
grève en Guadeloupe
puisque je la vis de
l'intérieur. J'espère
sincèrement que vous
prendrez le temps de lire
ces quelques lignes.
Lisez tout, si vous le
pouvez. Et une partie si
c'est trop long. Je tiens
au paragraphe en violet
car c'est cette question
qui m'a poussé à
écrire un si long mail,
mais je crois que tout
comporte son intérêt...
Pourquoi ? Parce que
j'imagine que vous
entendez comme tout le
monde les infos et que je
les trouve très
partielles (et
partiales). Parce que je
pense qu'il peut y avoir
méprise. Vous pouvez
diffuser à votre guise
au sein de PMP6.
N.B: Je soutiens cette
grève. Ce mail comporte
donc une dose de
subjectivité, mais je ne
fais ni dans la
propagande, ni dans le
mensonge. Je reste
objectif sur des faits
dont vous n'entendez
probablement pas parler.
Let's go!
En effet, la Guadeloupe
connaît depuis bientôt
4 semaines une grève
générale contre les
profits abusifs (de
grâce, cessez de parler
de grève contre la vie
chère car il ne s'agit
pas tout à fait de
cela).
Je vais simplement, sans
organisation donner
quelques faits (j'écris
à mesure que ça vient
et je m'excuse d'avance
des fautes d'orthographe
que ma vigilance laissera
passer).
Une grève contre la vie
chère ?
Non. Pas vraiment.
Le collectif qui mène la
grève est un ensemble de
49 associations
syndicales, politiques,
associations de
consommateurs et
associations culturelles.
Elle a déposé (un mois
avant le début de la
grève générale, et
personne n'a jugé bon de
s'en préoccuper) un
cahier de 146
revendications réparties
sur 10 chapitres. Parmi
ces chapitres, un (un
seul !) concerne la vie
chère.
Mais alors qu'est-ce que
cette grève?
Le collectif à
l'initiative de cette
grève s'appelle
"LKP" : Lyannaj
kont pwofitasyon (C'est
du créole). Traduction
"alliance contre le
vol et les profits
abusifs". C'est une
mobilisation sans
précédant. Le LKP parle
de 100 000 personnes dans
les rues (sur une
population de 460 000,
soit près du quart de la
population). Au delà de
la bataille des chiffres,
une chose est sure: c'est
historique. C'est la plus
grande mobilisation de
l'histoire de la
Guadeloupe et chaque
sortie du LKP crée un
nouveau record. Depuis
une semaine, la
Martinique emboîte le
pas, la réunion depuis
deux jours, et la Guyane
s'y prépare.
Qu'est-ce que la
"pwofitasyon"?
Surtout, ne pas traduire
par "profit"
(c'est un faux amis).
La
"pwofitasyon",
ici peut se traduire
comme je viens de dire
par "profits
abusifs". Dans le
langage courant,
"pwofitasyon"
désigne l'abus de
pouvoir qu'un puissant
exerce sur quelqu'un dont
il sait déjà qu'il est
pus faible que lui, pour
le rendre encore plus
subordonné.
L'exemple type, est celui
des enfants dans la cours
de récréation d'une
école primaire. Les
"grands" de CM2
peuvent exercer dans la
cours des
"pwofitasyon"
sur les
"petits" de CP,
qui n'auront que leurs
yeux pour pleurer.
(N'est-ce pas mignon,
notre cher et tendre
enfance?)
Les domaines de
"pwofitasyon"
sont multiples chez nous:
Le constat est le
suivant. En Guadeloupe,
les prix sont beaucoup
plus élevés qu'en
France et donc parmi les
plus élevés d'Europe et
du monde. On constate
(pour les mêmes
enseignes et les mêmes
produits) des écarts de
plus de 100% que
l'éloignement (il faut
bien payer le transport)
n'explique pas (exemple :
84% sur les pâtes
alimentaires). Selon tous
les experts, après
analyse de la chaîne, de
la production au caddie
du consommateur, en
passant par le transport,
le surcoût par rapport
à l'hexagone ne devrait
pas dépasser 10%. Les
différences de prix
constatées ressemblent
donc fortement à.... du
vol organiser.
Quelques exemples de
"pwofitasyon"
dénoncés par le LKP :
-L'essence que payait les
guadeloupéens était
l'une des plus chère au
monde. Il y a une crise
internationale qui a fait
exploser le cours du
pétrole, certes, mais
cela n'explique
absolument pas le cours
des prix en Guadeloupe
(dans les DOM de manière
générale). Aujourd'hui
qu'un début lumière
commence à être fait
sur la question, plus
personne ne le conteste.
-Le LKP a présenté à
l'état son expertise des
méthodes de fixation des
prix, résultat: tout le
monde est d'accord sur le
constat qui consiste à
dire que les prix sont
anormaux (même ceux qui
sont contre la grève
générale comme forme
choisie pour le
dénoncer). Le
secrétaire d'état aux
DOM, monsieur Yves Je go
envisage même une action
en justice de l'Etat
contre la SARA (Société
Anonyme de Raffinage
Antillaise) dont
l'actionnaire principal
(70%) est TOTAL. Vous
m'accorderez sans doute
que ce ne sont pas des
nécessiteux. Et Je go
(lui même), a dit que si
après enquête, il est
démontré que la SARA a
perçu des sommes indues
(ce sera probablement le
cas), cette somme devra
être remise aux
guadeloupéens sous la
forme d'un fond pour la
formation
professionnelle.
N.B: La SARA est en
situation de monopole en
Guadeloupe, pas de
concurrence. C'est elle
qui distribue l'essence.
-Quant aux prix de la
grande distribution...
une des pistes est de
créer "un panier de
la ménagère"
constitué d'environ 100
produits sur lesquels la
grande distributions
n'aurait plus le droit de
dépasser les prix de
l'hexagone de plus de
10%, avec la création
d'un organe bimensuel de
contrôle des prix pour
éviter de nouvelles
dérives.
N.B: Les géants de la
distribution sont en
situation de quasi
monopole. Il s'agit
principalement du groupe
Hayot (Bernard Hayot est
dans le top 120 des
fortunes françaises). En
plus ils détiennent
l'importation et ont le
monopole de la
distribution sur
plusieurs grandes
marques. Pour accentuer
le problème, les
quelques concurrents
existants sont des
groupes amis (cousins,
alliancés...) puisque ce
circuit est aux mains
d'une ethno classe
compacte et réduite
(**).
(**) Voir reportage assez
édifiant de canal +
"Les derniers
maîtres de la
Martinique" voici un
lien ou on peut voir
l'émission :
http://www.megavideo.com/?c=search&s=Les+derniers+maitres+de+la+Martinique
-Autre détail
intéressant. Parmi les
revendications sur le
coup de la vie, il y a la
baisse des tarifs des
prestations bancaires. Et
que s'est-il passé? Dès
que les banques en
Guadeloupe (pourtant les
mêmes que dans
l'hexagone) ont pris
connaissance des
revendications les
concernant, avant même
que cette question ait
été négociée, les
banques ont adopté une
baisse de leurs tarifs !!
Permettez-moi de penser
que ça signifie que les
tarifs étaient
effectivement abusifs.
Le reste des
revendications?
Elles traversent TOUS les
domaines de la société.
Vraiment tout. Les 9
autres chapitres :
Education, Formation
professionnelle, Emploi,
Droits syndicaux et
liberté syndicales,
Services publics,
Aménagement du
territoire et
infrastructures, Culture,
et enfin
"pwofitasyon"
(il s'agit de réclamer
des mesures pour
contrôler désormais les
prix).
J'appelle ça un
mouvement sociétal. Si
certains persistent à
parler de vie chère...je
n'y peux rien. C'est un
véritable cahier de
Doléances. Il parcourt
l'ensemble des domaines
de la société.
Rappelons que ces
revendications sont au
nombre de 146 et que le
LKP a défini parmi ces
146, 19 à négocier
immédiatement, puis
d'autres qui demandent
des réponses plus
purement politiques voire
institutionnelles, qui
devront être débattues
à long et moyen terme.
Je peux, si vous le
souhaitez, vous envoyer
ce cahier de
revendications.
Mais alors... Pourquoi ne
parle-t-on que de ces
foutu 200 que le
LKP demande?
Parce que cela fait
partie effectivement des
revendications et comme
tout le monde s'y
attendait, c'est le point
qui bloque les
négociations. Le LKP ne
démord pas. Le patronat
ne démord pas. Les
positions se
radicalisent.
Commentaire personnel :
Je trouve ça dommage
qu'un si beau mouvement
bloque sur un point que
je considère comme
étant secondaire en
terme de portée
sociétale sur le futur
de la Guadeloupe.
N.B: Il s'agit d'une
augmentation de 200
des bas salaires
Les guadeloupéens sont
asphyxiés et meurent de
faim alors?
Mais pas du tout !!
C'est cette question qui
m'a poussé à écrire ce
mail. Un ami
métropolitain m'a
appelé aujourd'hui pour
me demander si on tenait
le coup. Au début j'ai
commencé à répondre
que malgré la durée du
conflit, la mobilisation
était toujours de mise.
Il me coupe :
"Non, je voulais
dire...Arrivez vous à
remplir le
réfrigérateur" !!
La Guadeloupe est en
grève générale depuis
bientôt 4 semaines. Les
hyper marchés et super
marchés sont fermés. En
revanche les petits
commerces de proximités
sont ouverts, mais les
rayons des magasins sont
de plus en plus vides...
MAIS : La Guadeloupe
s'organise. L'UPG (Union
des Producteurs
Guadeloupéens) ainsi que
les pêcheurs font parti
du LKP. Les poissons ne
sont pas en grève : les
pécheurs continuent à
pêcher et à vendre leur
poisson. Les animaux ne
sont pas en grève : les
éleveurs continuent à
s'en occuper et à vendre
leur viande. La terre
n'est pas en grève : les
cultivateurs continuent
à travailler leurs
exploitations et vendent
leurs denrées. Notre
réfrigérateur n'a
jamais été aussi plein.
Les hyper marchés sont
fermés, mais les
marchés sont ouverts. Il
y a mieux: des marchés
populaires sont
organisés devant les
piquets de grève et un
peu partout. Les
producteurs y vendent
leurs denrées aux prix
auxquels ils ont
l'habitude de vendre aux
super marchés.
Conséquence : ils ne
perdent pas leur récolte
ni leur revenus, et le
porte feuille du
consommateur apprécie
puisque les marges
exorbitantes de la grande
distribution ne sont plus
là.
Nous mangeons à notre
faim et -fait
intéressant- nous
n'avons jamais autant
consommé local !!
Je n'ai pas de purée
mousseline, je n'ai plus
de pâtes pan zani... et
alors? J'ai des
tubercules, des légumes,
de la viande, du poisson,
des fruits frais, des
fruits secs, des fruits
de mer... Et ça coûte
moins cher que
d'habitude.
En fait, je crois que je
n'avais jamais mangé
aussi équilibré de ma
vie.
Si vous n'avez jamais
entendu tout ça, est-ce
que la presse nationale
fait de la
désinformation?
Je n'irai pas jusqu'à
dire qu'on vous ment.
Disons que parmi tout ce
que les envoyés
spéciaux des média
nationaux voient, ils
choisissent 5%, et le
choisissent d'une
manière assez
surprenante.
La première semaine, ils
n'en parlaient pas. La
deuxième semaine, ils
n'ont montré que des
images de touristes dont
les vacances ont été
gâchées par cette
grève (je suis
sincèrement désolé
pour eux, mais c'est la
vie). Ils ont montré des
rayons de super marché
vide et ont semblé
vouloir dire que la
rupture des stocks
créait le plus grand
désarroi... Ils ont
fustigé une grève qui -
dit-on - pénaliserait de
manière irrémédiable
l'économie
Guadeloupéenne.
Puis Le secrétaire
d'état aux DOM est
arrivé en Guadeloupe. Il
y a carrément déplacé
son cabinet et son staff.
La presse ne pouvait plus
se contenter du mini
sujet bâclé. Ils ont
commencé à en parler un
peu plus. Aujourd'hui,
l'information que vous
recevez est de plus en
plus conforme à ce qui
se passe.
Les "vrais"
reportages font leur
apparition. France inter
a fait une longue
émission dessus, j'ai pu
voir un long article sur
Elie Domota, porte parole
du LKP dans je journal Le
Monde. Libération a
publié un long texte
d'Enest Pépin (écrivain
Guadeloupéen)... Ca
commence à changer.
Pourtant, je suis
persuadé que ceux qui
ont tout lu de ce mail
ont appris beaucoup de
choses.
Pour les plus courageux,
j'ajoute encore quelques
points importants. Je
quitte la description
pour rentrer dans
l'analyse (mais vous
pouvez vous arrêter
là).
Xénophobie? Racisme? Les
slogans?
Non, non, et trois fois
non!
Le slogan principal
repris depuis le 20
janvier en coeur par les
manifestants :
"La Gwadloup sé
tan-nou, la Gwadloup sé
pa ta yo. Yo péké fè
sa yo vlé, adan péyi
an-nou"
Traduction littérale :
" La Guadeloupe est
à nous, La Guadeloupe
n'est pas à eux. Ils ne
feront pas ce qu'ils
veulent dans notre
pays"
Traduction plus usuelle :
"La Guadeloupe nous
appartient, elle ne leur
appartient pas. Nous ne
les laisserons pas faire
ce qu'ils veulent dans
notre pays."
La question qui inquiète
certains : Mais qui est
ce nous et ce eux?
Nous = noirs?
Eux = blancs? Si oui,
lesquels? Les blancs en
général
(métropolitains) ou les
"béké",
descendants des maîtres
d'esclaves et qui ont su
conserver leur domination
économique et
d'influence grâce aux
héritages de
génération en
génération depuis
l'époque esclavagiste,
jusqu'à présent (sans
la diluer dans le reste
de la population car le
béké fait souvent
attention à
"conserver la
race" (**)
(**) voir reportage assez
édifiant de canal +
"Les derniers
maîtres de la
Martinique" voici un
lien ou on peut voir
l'émission
http://www.megavideo.com/?c=search&s=Les+derniers+maitres+de+la+Martinique
Selon moi, il ne s'agit
pas de ça. Moi qui vis
ce mouvement de
l'intérieur, moi qui
reprends ce refrain avec
joie depuis 4 semaines,
je n'ai jamais désigné
le blanc par ce
"eux" et tous
les gens de mon entourage
sans exception sont du
même avis.
Mais alors qui?
Eux...mais bien sur, cela
désigne les
"profiteurs".
Les responsables de la
pwofitasyon. La
Guadeloupe n'est pas un
simple tube digestif, une
sorte de terre de
consommation, un simple
marché ou tout le monde
peut venir faire ce qu'il
veut, comme dans une zone
de non droit. Or les
"pwofitasyon"
révélées par ce
collectif, et que plus
personne ne conteste
donne bien l'impression
que c'est le cas depuis
déjà trop longtemps.
Avec la complicité de
l'Etat, volontairement ou
par négligence (je veux
bien croire que c'est par
négligence).
On en est à une
situation ou il a fallu
qu'un collectif de 49
associations déclenche
une grève générale et
déclenche les plus
grandes manifestations de
l'histoire de la
Guadeloupe pour que
l'Etat, enfin joue son
rôle d'arbitre et de
répression des fraudes.
De nombreuses voix en
Guadeloupe avaient déjà
dénoncé ces faits, mais
de manières isolées et
sans réel résultat.
Aujourd'hui, la tendance
semble s'inverser. C'est
ce eux là que nous
dénonçons depuis 4
semaines (27 jours)
Quant au nous, il est
prometteur de quelque
chose de tout à fait
nouveau, qui peut être
enfin dépassera les
clivages de race (ou en
tous cas tendra vers
ça). La première
personne à m'avoir
envoyé un sms pour me
dire de venir en meeting
est une
Guadeloupéenne...blanche!
Pour moi, un
Guadeloupéen est
quelqu'un qui lit son
destin au destin de la
Guadeloupe. Il est
souvent noir (question de
chiffre), mais il est
aussi blanc, indien (de
nombreux indiens ont
débarqué en Guadeloupe
après l'abolition de
l'esclavage). Il pourrait
même être vert pomme
que cela ne dérangerait
pas les dizaines de
milliers de manifestants
qui chantent ce slogan.
Surtout, nous ne sommes
pas prêts à échanger
sous prétexte de la
race, une pwofitasyon
blanche contre une
pwofitasyon noire. Ce
Nous Eux est moral, bien
plus que racial.
Cela ne signifie pas
qu'il n'y a pas de
problème de racisme en
Guadeloupe. Il est clair
que la société est
pyramidale et que plus on
monte vers le sommet de
la pyramide, plus les
peux sont claires. Les
races n'existent pas,
c'est une vérité qu'il
faut répéter sans
cesse... Mais le racisme
existe et le poids de
l'histoire esclavagiste
et coloniale est
palpable. Nous voilà
avec ce mouvement face à
un formidable défi qui
consiste à poser les
problèmes tels qu'ils
sont, pour les régler,
et les dépasser.
Permettez moi d'ajouter
que je suis assez
optimiste sur cette
question.(*)
(*) Pour ceux qui
voudraient, je peux
envoyer un extrait de
discours du porte parole
du LKP abordant ce sujet
d'une manière que je
trouve assez fine, de
manière forte, mais sans
haine.
Scolarité en péril?
J'étais à Paris 6 lors
de la grève contre le
CPE et sur les 12
semaines prévues du
semestre, on a pu faire
11 semaines (moyennant le
sacrifice des vacances
scolaires). Il y a fort
à parier que nous ferons
la même chose. Tout le
monde est prêt à voir
disparaître les vacances
de pâques, pentecôte et
les jours fériés.
D'ailleurs les cours sont
mis en ligne par les
enseignants dans de
nombreux établissement.
Et RFO, la télé locale
(une branche de France
télévision) va bientôt
commencer à diffuser des
cours faits par des
enseignants sur les
plateaux de télévision,
afin que tout le monde
puisse regarder, à
chaque niveau, à chaque
matière. La petitesse de
l'île le permet, nous ne
nous priverons pas de ce
moyen!
Evolution statutaire?
Peut être. En tous cas
la question est posée.
Le débat est ranimé. Le
mouvement s'exprime sous
forme de grève mais la
densité du cahier de
revendications montre
clairement que tous les
fondements de la
société sont remis en
question.
Parmi les meneurs du LKP,
nombreux sont ceux qui
sont "au moins"
autonomistes. Pourtant,
après 4 semaines, aucun
membre (sans exception)
n'a jamais prononcé les
mots "évolution
statutaire". C'est
un débat qui déchaîne
les passions et pour le
bien du mouvement, il
convient de rappeler que
ce n'est pas le but du
mouvement. Ce mouvement
pose des questions et met
en avant ce que veulent
les Guadeloupéens.
Si les hommes politiques
apportent parmi leurs
réponses une question
institutionnelle, elle
fera de toutes les
façons objet de débats,
et de référendum.
Mon avis sur la question
:
Les lois françaises sont
conçues pour répondre
à une réalité
géopolitique précise.
Celle d'une France au
coeur de l'Europe,
société
postindustrielle. Elles
n'ont jamais convenu ni
aux colonies, ni plus
tard aux DOM TOM et COM.
Si bien que pour pallier
le "handicap",
nous sommes toujours
passés par des lois, qui
mettent en avant de
nombreuses
spécificités.
Aujourd'hui, le système
d'intégration montre ses
limites. Ceux qui jadis
s'en accommodaient,
aujourd'hui soutiennent
massivement un mouvement
social, qui -bien que ce
ne soit pas son objectif-
attire l'attention sur le
fait que rien ne va bien
et qu'il faut peuvent
être songé à changer
les choses en profondeur.
N.B: Quelque soit ce qui
arrive, l'indépendance
n'est absolument pas à
l'ordre du jour. Ni
l'Etat, ni le LKP, ni les
nombreux manifestants qui
soutiennent le LKP, ni
même les organisations
anciennement
indépendantistes des
années 60, 70 et 80 ne
considèrent que la
question soit à l'ordre
du jour. Les
organisations
"anciennement
indépendantistes"
continuent à énoncer le
principe moral du droit
des peuples à
l'autodétermination qui
est un droit inaliénable
inscrit dans la charte de
l'ONU; mais s'accordent
pour dire qu'il faut
aller pas à pas, sans
brûler les étapes.
Les pistes avancées sont
plutôt celles d'une
évolution statutaire
dans le cadre de la
République Français
(genre article 73 et 74
de la constitution) vers
plus de pouvoir
décisionnel local, plus
de pouvoir législatif et
douanier, afin de
répondre à la réalité
géopolitique (nous
sommes européens, mais
nos îles baignent dans
le bassin caraïbéen!).
Voila un lien vers la
constitution française.
Vous pourrez donc
consulter les articles 73
et 74.
http://www.legifrance.gouv.fr/html/constitution/constitution2.htm#titre12
Voila mon constat et mon
point de vue sur cette
grève générale en
Guadeloupe.
Je vous remercie d'avoir
bien voulu lire un aussi
gros pavé. Je rappelle
que je ne suis ni
politologue, ni
sociologue... vous
excuserez les
approximations et la
lourdeur du style. Je
suis simple étudiant
guadeloupéen, solidaire
du mouvement et j'expose
là, ce que je comprends
de ce mouvement.
P.S: : J'ai commencé ce
mail hier. Aujourd'hui,
la situation a un peu
évolué. La répression
policière et militaire
est désormais en marche.
Le mouvement a une
dimension internationale.
Hier, c'est le révérend
Jessy Jackson en personne
qui a envoyé son soutien
au peuple de Guadeloupe
et au LKP. Les
organisations syndicales
du monde entier (je
n'exagère pas) rentrent
en contact avec le LKP
pour leur demander
comment ils arrivent à
mobiliser 100 000
personnes, sans un
débordement (c'est le
service d'ordre du LKP
qui organise la
sécurité générale).
La Guadeloupe vient de
connaître ses 27 jours
les plus calmes, niveau
violences domestiques.
Jamais il n'y a eu si peu
d'agressions et de faits
divers. 0u d'accidents de
voitures (pas d'essence,
tout le monde roule à 70
Km/h).
Les Guadeloupéens sont
vraiment fiers de ce
mouvement. Mais ce matin,
la répression a
commencé face a un
mouvement pacifiste
depuis 27 jours. Il y a
eu une soixantaine
d'arrestations de gens
qui étaient simplement
sur les barrages
pacifiques. Une des
têtes du LKP a été
blessée. Il a subi des
injures racistes venant
des forces de l'ordre
(toux ceux qui s'y
connaissent un peu en
histoire de la Guadeloupe
savent que c'est monnaie
courante lors des
répressions de mouvement
sociaux aux DOM).
Je ne fantasme pas sur le
poids de l'histoire. Tout
au long de la seconde
moitié du 20è siècle,
tous les grands
mouvements sociaux ont
été réprimés par les
mitraillettes, lorsqu'à
Paris, le gaz
lacrymogène suffisait
largement. C'était le
cas en 1910, en 1952, en
1967, en 1975, en 1985.
Chaque répression a
apporté son lot de mort,
même si celle de mai
1967 accapare toutes les
mémoires puisque le
nombre de morts a
dépassé peuvent être
la centaine de personnes.
Evidemment, de l'eau a
coulé sous les ponts.
1967 et 2009 sont
différents. Mais le
préfet et l'état jouent
à un jeu dangereux. Car
l'ensemble des mobilisés
connaît le poids de
l'histoire et la tension
est à son comble et
beaucoup ont déjà
averti que cette fois ci,
les guadeloupéens ne
mourront pas...
Le LKP a appelé au
calme. Ils appellent à
la mobilisation massive
et pacifiste pour faire
reculer la répression.
L'immense majorité des
interpellés aujourd'hui
ont été relâchés ce
midi grâce (une fois de
plus) à la pression
populaire de la foule,
massée pacifiquement
devant la police et le
tribunal de
Pointe-à-Pitre. La
tension redescend petit
à petit.
Le préfet avait promis
que les environ 4000 CRS
débarqués en Guadeloupe
dès le début du conflit
étaient juste une
sécurité qu'il
souhaitait de tout coeur
ne pas utiliser. Depuis
que les négociations
sont bloquées, d'autres
ont débarqué...
Témoignage recueillis
par notre envoyer
spéciale du sud ouest :
Michel pierre
Autissier
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