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De notre correspondante à Caen, Martine Labonde


Les 20 ans des Reporters de Guerre - 15 octobre 2013


Le prix de Bayeux-Calvados des Reporters de Guerre s'est achevé samedi 12 octobre par la remise des trophées. 55 reportages de différents médias, radio, télévision, web, presse écrite, ont été visionnés par le jury présidé par James Nachtwey. Le palmarès est le suivant : trophée photo (prix Nikon) : Fabio Buccarelli- AFP ; Presse écrite (prix du Conseil Général): Jean-Philippe Rémy, Le Monde ; Radio (prix du Comité du Débarquement) : Marin Olivesi (CBC); Télévision(prix Région de Basse-Normandie) : Sophie Nivelle-Cardinal- TF1 ; Télé grand format, pris SCAM : Ben Anderson (BBC) ; Jeune Reporter (parrainé par CAPA Presse TV) : Florent Cassonnet (XXI) ; Web journalisme (prix Nikon) : Jean-Philippe Rémy et Laurent Van Der Stockt, (lemonde.fr); Prix Ouest-France Jean Marin (presse écrite): Wolfgang Bauer (Die Zeit) ; Prix Fondation Varenne des lycéens de Basse-Normandie : Sophie Nivelle-Cardinal (TF1) ; Prix du public (photo) parrainé par le Ministère de la Défense : Javier Manzano (AFP).

Vendredi était inaugurée la stèle 2013 où figurent les noms des journalistes tombés sous les balles des snipers ou sous les bombes pendant l'exercice de leur métier. Si le but du journalisme est d'informer, il est quelquefois dérangeant pour celui qui a quelque chose sur la conscience. Dénoncer l'injustice, prendre parti pour les plus faibles, rapporter des pays en guerre des images que la société d'aujourd'hui a du mal à comprendre, à accepter, mais comment mettre un terme à la spirale de la violence quand les belligérants estiment être dans leur droit?
Dimanche après-midi, plusieurs films étaient projetés à la Halle aux Blés, et notamment un documentaire de Laurent Richard et Jean-Baptiste Renaud,intitulé " Les tueurs du Mossad, les survivants parlent " qui pose question. Récemment diffusé sur Canal plus spécial investigation, " il a été fait dans la plus grande neutralité ", disent les auteurs. On y apprend qu'il existait (ou existe encore), une liste noire de Palestiniens à abattre, dressée par les dirigeants du Mossad (équivalent de la CIA, du KGB ou de la Stasi), et les chefs d'Etat Itzak Rabin et Netaniyaou. Pour la première fois, des agents du Mossad acceptaient de parler de leurs opérations d'assassinats organisées à l'étranger. Assassinats réalisés en toute légalité puisque ces dirigeants sûrs de leur bon droit ont réussi leur attentat criminel contre Abu Jihad, le N° 2 de l'OLP et bras droit de Yasser Arafat, tué de 75 balles tirées par cinq tireurs différents en Tunisie. Ehud Barak suivait en mer l'opération criminelle. Quand à Arafat lui-même, on attend les résultats des analyses du polonium qui se trouvait sur ses vêtements, certainement pas par hasard. Les résultats connus cette semaine sont évidemment divergents, les Russes ayant la fâcheuse habitude de cacher la vérité. Le même sort avait été prévu pour Khaled Mechaal, réfugié à Amman en Jordanie, également sur la liste noire, mais l'attentat a échoué. Le roi Hussein de Jordanie s'était fâché et remettait en question les accords de Paix signés quelques mois avant si Khaled Mechaal décédait. C'est Bill Clinton qui fournira l'antidote, que les Israéliens transmettront, et se verront du même coup condamnés à libérer 50 otages palestiniens dont le cheik Mammoud Abbas, tué en 2004. Il était revenu à Gaza après 37 ans de captivité passées dans les geôles israéliennes. " Où en est la liste noire aujourd'hui ? " demande une personne dans le public. Il est à craindre qu'elle soit tenue à jour, tant qu'il y aura des attentats en réplique aux assassinats commandités. Pourtant, Itzak Rabin faisait remarquer que " La légitimité de chaque homme sur terre est de vivre dans son pays d'origine ". Où est donc le pays des Palestiniens si ce n'est en Palestine depuis la nuit des temps ? Et le peuple juif, où a-t-il sa place légitime ?

Dernier sujet irritant

Le dernier sujet proposait le mal-être ou plutôt le mal-vivre des soldats anglais de retour d'Afghanistan, atteints du syndrome SPTT, traumatisme d'après guerre, et abandonnés à leur sort par l'Armée anglaise. Les suicides sont fréquents et leur nombre minimisé par l'Armée. Le cas de Dan Collins, traumatisé par les combats auxquels il a pris part, était particulièrement émouvant et injuste. Malgré les suppliques de sa mère auprès du 12 Downing Street, son fils n'est pas pris en charge par l'Armée qui l'a employé. Les soldats ne sont pas pris en charge par les services médicaux de l'Armée, mais envoyés en hôpitaux psychiatriques qu'ils doivent payer. L'attente d'un rendez-vous dure parfois plusieurs mois. Ils sont sans solde et n'ont qu'une seule issue : le suicide. A l'heure où l'on s'apprête à commémorer le 70ème anniversaire du Débarquement en Normandie, où les Vétérans sont sacralisés et fêtés pour leur bravoure et leur courage, il y a, en Angleterre, une indifférence totale vis à vis des combattants d'aujourd'hui.



Martine Labonde



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