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Offre n° 1
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REGIONS
: BASSE-NORMANDIE
De
notre correspondante à
Caen, Martine
Labonde
Les Caennais se
souviennent de leur ville
dévastée - 28 mai
2009
Ils étaient plus de huit
cent à s'être réunis
au Mémorial de Caen pour
évoquer la
reconstruction de leur
ville. Les bombardements
alliés de juin 1944
avaient mis à mal une
ville historiquement
riche où de nombreux
hôtels particuliers du
XVII et XVIIIème siècle
faisaient la fierté des
habitants.
Il a fallu faire le bilan
des biens perdus, mais,
difficile de faire la
preuve de sa propriété
et d'évaluer les
dommages de guerre quand
tout a brûlé.
"A neuf ans, en 44,
je faisait des agglos,
souligne Mr Christian
Marie, cheminot ; on
allait pêcher des coques
ou on faisait des
patates". "On
habitait des baraquements
américains au Chemin
Vert, confie Mr Robinard.
Avant, à la place du
Mémorial, c'était les
Champs St Julien. On a
grandi en même temps que
la ville".
"J'avais six ans en
45, souligne Eliane
Escolivet, nous n'avions
pas d'eau, pas
d'électricité, pas de
chauffage". Une
autre habitante se
souvient de durs moments
: "Les enfants des
écoles étaient rue
Victor Lépine dans un
bâtiment occupé pour
moitié par les
Allemands. Par la
fenêtre, nous
apercevions des hommes
emmenés rue Michel Lasne
où il y avait un champ
de tir. On entendait des
coups de feu et on voyait
revenir le peloton
d'éxécution".
D'autres s'insurgent
contre la délation et la
dénonciation d'Eugène
Maess par Clotilde
Cambien, condamnée par
contumace. Petit à
petit, la ville reprend
vie.
Le Ministère de la
Reconstruction et du
logement s'engage à
reloger les sinistrés,
les personnes âgées
avant les autres.
"Je me suis mariée
en 48, précise une
caennaise, et je suis
restée sept ans chez mes
parents avec deux
enfants. Mon mari et mon
père étaient maçons et
travaillaient 60 heures
par semaine. On allait
chez le boulanger qui
pétrissait son pain avec
un vélo, pour actionner
le tour". Notaire
pendant 40 ans et âgé
de 15 ans en 44,
Jean-Charles Lampérière
ajoute : "A cette
époque-là, nous étions
matures".
Chacun s'accorde à
reconnaître l'action
efficace des
congrégations
religieuses. Caen avait
plusieurs couvents, et
les soeurs ont été
particulièrement
secourables. Mais, dans
tous ce fatras de
débris,(2,2 millions de
tonnes de gravats ont
été déblayés)où
quelques-uns se sont
aventurés pour
récupérer de menus
objets, il a fallu
s'approvisionner et
tenter de reprendre une
vie normale. Les
grossistes en
alimentation
s'installent, mais les
tickets de rationnement
dureront jusqu'en 1949.
Les loisirs aussi se
mettent en place avec la
première maison de
l'étudiant devenue l'OMJ
: Office Municipal de la
Jeunesse. Grâce à
Edouard Colin, les
loisirs et les besoins de
la jeunesse sont pris en
charge. Certains venaient
à travers champs par un
pont Bailey à la piscine
de chez Maess ; la FAC
est inaugurée en 1954
par la reine de Belgique.
Les étudiants reprennent
leurs facéties de
potaches, et devant la
fermeture des maisons
closes de la loi Marthe
Richard, les monômes de
MALICOCO 1er, brûlent
l'effigie de cette
dernière, dans le centre
ville, appelé le village
nègre, en raison de
l'installation
hétéroclite de ses
commerces et boutiques de
toutes sortes. Le
théâtre était
installé dans ce qui
était appelé "le
Tonneau", une
construction en demi
cercle en tôle qui a
servi un certain temps.
En 1947, le Tour de
France passe à Caen et
tout près à Epron où
Jean Nohain et Claude
Bernard, alors speakers
à la radio, décident de
lever des fonds pour
reconstruire ce qui sera
jusqu'à aujourd'hui, le
Village de la Radio. La
dernière veillée de la
reconstruction s'y
déroulera vendredi 29
mai 2009 à 20h à la
salle des fêtes. Dans
cette vie après la
guerre, une double
naissance est saluée par
le prix des deux plus
beaux bébés, en
1947.Jean-Pierre Lebret,
l'un des jumeaux ajoute :
"Nous avons eu comme
cadeau, un landau à deux
places et des boîtes de
Nestlé".
Voilà le quotidien de la
ville de Caen dont le
Général de Gaulle
disait: "Mutilée,
plus fière que
jamais", à qui le
Président Coty
décernera la Légion
d'Honneur. Le directeur
du Mémorial, Mr
Grimaldi, salua le
travail de l'ancien
maire, Mr Jean-Marie
Girault, initiateur du
Mémorial, avant de
convier le public à un
rafraîchissement offert
par la ville.
Martine Labonde
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