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Correspondance suisse de Cédric Morgenstern
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LE GRAND SHOW DE LA JUSTICE SUISSE
– 11 septembre 2006




Pour les militants d’APPEL AU PEUPLE, l’Association non-violente qui lutte contre les dysfonctionnements de la justice en Suisse, l’heure du grand show approche. Présidé par Pierre-Henri WINZAP dans le rôle du « Vénérable », ce procès très médiatisé se déroulera au Palais de Montbenon à Lausanne du 30 octobre au 10 novembre 2006 dès 9 h 00 et dès 14 h 00. Il attirera sans doute toute la presse devant laquelle, chaque « accusé », muselé et bâillonné par un avocat d’office du choix du « Vénérable », sera étiqueté publiquement comme terroriste mettant en danger la sécurité de l’Etat.

Fondée par Gerhard ULRICH, un ingénieur zurichois d’une soixantaine d’années, APPEL AU PEUPLE a établi des liens entre les différentes affaires qu’elle dénonce. Elle traque ainsi le copinage, la corruption, les sociétés secrètes qui unissent au-delà des lois, des hommes et des femmes qui les transgressent en toute impunité. APPEL AU PEUPLE vient de s’enrichir d’une section suisse-allemande. Le Comité est ainsi élargi à 8 membres, élus chacun pour une période de 4 ans et rééligible. Tous les documents sont traduits en 4 langues. Le site www.appel-au-peuple.org est l’objet de nombreuses visites. On y trouve des liens avec les différentes affaires dénoncées, preuves à l’appui. L’appareil judiciaire suisse se sent donc réellement menacé !

Surveillés comme des terroristes, sous écoutes téléphoniques - ils le savent et prennent leurs précautions ! - les militants d’APPEL AU PEUPLE descendent inlassablement dans la rue, informent le peuple - qui leur est plutôt sympathique - tiennent des audits publics, des Assemblées, bravent la censure et subissent sans violences mais toujours en le dénonçant par leurs célèbres papillons jaunes qu’ils distribuent tous azimuts, les emprisonnements illégaux, sans procès et sans l’aide d’un avocat, et les humiliations favorites de leurs adversaires, consistant à les mettre à poil lors des interrogatoires.

Rien ne semble arrêter cette sympathique Association de joyeux lurons qui se réunissent en comité tantôt ici, tantôt là pour préparer en grand secret leurs futures actions qui attérissent comme des missiles dans les cols blancs amidonnés d’une magistrature désorientée.

Ce procès ? que les membres d’APPEL AU PEUPLE qualifient d’ores et déjà de « parodie de justice » et de « théâtre de guignols » - doit donc servir à redorer le blason bien endommagé et terni d’un appareil judiciaire qui a perdu toutes ses lettres de noblesse, sa dignité et son efficacité.

Ce procès « jugé d’avance » contient de nombreuses irrégularités. Le Tribunal Fédéral - autorité judiciaire suprême du pays - est également plaignant ! C’est donc à lui que les « accusés » - s’ils ne sont pas acquittés, devront s’adresser en cas de recours! On a vu mieux : à Fribourg notamment, des juges ont jugé eux-mêmes des plaintes pénales déposées contre eux en se blanchissant personnellement par un non-lieu ! Certains juges - on l’a vu dans le canton de Vaud - ont tout simplement refusé d’instruire la plainte d’un membre d’APPEL AU PEUPLE tout en le condamnant à 200.- francs d’amende ! Car le premier but de ces magistrats voraces est d’assécher financièrement leurs victimes. Démunies, celles-ci s’engouffrent dans la spirale de l’assistance judiciaire qui les met pour ainsi dire à la merci de ce 3ème pouvoir. On a jamais vu un avocat ou un juge désargenté. Par contre, on a vu des victimes ruinées par des procédures astucieuses.

Il ne faut pas oublier non plus que ces magistrats ont grandi ensemble sur les bancs de la Faculté, qu’ils ont fait partie des mêmes sociétés estudiantines, des mêmes partis politiques, des mêmes clubs ou sociétés secrètes. Qu’ils se tutoient, font souvent du sport ensemble, échangent généralement les clés de leurs Etudes respectives, usent du téléphone ? qui ne laisse pas de traces à leurs clients respectifs ? pour conclure des arrangements tacites souvent obscurs. On a même vu des magistrats ? Procureur compris - s’amuser aux dépens de leurs clients. Mais jusqu’où peut-on pousser la blague dans un prétoire, lorsque la justice, le droit et la vérité sont en jeu ?

Celui-ci constitue à distribuer à chaque plaideur - c’était notamment le cas dans l’affaire Elf - un mot insolite qu’il devra glisser à l’heure de son intervention. Celui qui ne parvient pas à placer son mot doit inviter à dîner chez lui ses confrères. C’est ainsi que dans l’affaire précitée, le bâtonnier ayant omis de prononcer le mot « Cantalou » - du nom d’un melon, dans sa plaidoirie, il a dû inviter ses confrères de la défense et de la partie civile ainsi que la Présidente de la Cour et le Procureur à dîner chez lui.

Lorsqu’on sait que les enjeux sont parfois des vies brisées, on mesure la légèreté de ces représentants de la justice et leur mépris de leurs devoirs de fonction.

Le procès d’APPEL AU PEUPLE ressemble d’ores et déjà à une pièce de théâtre sordide dans laquelle chaque acteur a appris ses répliques et connaît celles de l’autre. Muets et muselés, les figurants n’auront dès lors aucune surprise lorsqu’ils seront condamnés par le metteur en scène de cette ignoble comédie. Tout au plus pourront-ils se consoler en entendant le public siffler et huer ces piètres acteurs gesticulant sur leurs piédestaux.

11 septembre 2006


Cédric Morgenstern


 


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