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- Liberté
de la presse
dans le monde
- CRISE
IRAKIENNE
Reporters sans
frontières demande aux
autorités américaines
de garantir la liberté
et la sécurité des
journalistes - 19
mars 2003
Alors que le
déclenchement d'une
guerre en Irak paraît
imminent, Reporters sans
frontières met en garde
les autorités
américaines sur les
conditions dans
lesquelles les
journalistes vont pouvoir
couvrir ce conflit.
Les autorités
américaines ont invité
plus de six cents
journalistes du monde
entier à couvrir la
guerre en les intégrant
à leurs unités
militaires. Cette
politique
d'"incorporation"
a été présentée par
le ministère américain
de la Défense comme une
volonté de donner aux
médias un accès au
champ de bataille sans
précédent depuis la
guerre du Viêt-nam. Les
journalistes incorporés
se sont engagés par
écrit à respecter une
cinquantaine de règles
encadrant leur travail
parmi les forces armées.
Reporters sans
frontières accueille
favorablement cette
nouvelle politique qui
devrait - théoriquement
- autoriser une meilleure
couverture des
événements que lors de
la guerre du Golfe en
1991. Mais seule la
pratique permettra
d'évaluer si les règles
d'incorporation, très
strictes, satisfont le
degré d'indépendance et
de liberté requis pour
les professionnels des
médias. Dès maintenant,
Reporters sans
frontières émet un
certain nombre de
réserves.
Le règlement tente de
spécifier à la fois les
informations interdites
à la diffusion et celles
qui sont autorisées.
Néanmoins, cette
répartition reste
extrêmement floue. Les
commandants d'unité
étant désignés, en
dernier ressort, comme
les seuls juges de la
nature, confidentielle ou
non, des informations,
tout dépendra de
l'interprétation qu'ils
feront du texte.
Reporters sans
frontières s'inquiète
par ailleurs du contenu
de l'article 6 qui
prévoit qu'un
"embargo" peut
être imposé par les
commandants d'unité sur
les informations
susceptibles de porter
atteinte à "la
sécurité des
opérations" :
l'étendue de ces
informations est
également très floue et
la durée maximale de
l'embargo n'est pas
spécifiée. Ces deux
critères sont, là
encore, soumis à la
seule discrétion du
commandant sur le
terrain.
Reporters sans
frontières considère
que les articles 40, 41
et 43 sur l'interdiction
de photographier ou de
montrer les visages de
prisonniers de guerre ou
de soldats tués au front
portent atteinte au droit
d'informer. Il appartient
au journaliste, et non à
l'armée américaine, de
juger selon sa
déontologie
professionnelle des
images de victimes et de
prisonniers qui peuvent
être diffusées. Les
photographies des
prisonniers aux visages
émaciés, détenus dans
les camps de
concentration serbes en
Bosnie, lors de la guerre
de Yougoslavie, montrent,
par exemple, que de
telles photos constituent
une information à
laquelle l'opinion doit
avoir accès.
Reporters sans
frontières s'inquiète
enfin des conditions de
travail des journalistes
non incorporés pour
lesquels les autorités
américaines n'ont fourni
aucune garantie. Ainsi,
le Pentagone a mis en
garde à plusieurs
reprises les journalistes
contre les dangers qu'ils
encourent. "Lorsque
l'armée dit quelque
chose, j'engage très
fortement les
journalistes à en tenir
compte. Il en va de leur
intérêt propre et de
celui de leurs
familles", a
déclaré le 28 février
2003 le porte-parole de
la Maison Blanche, Ari
Fleisher.
Reporters sans
frontières recommande
aux autorités
américaines :
- de garantir aux
journalistes incorporés
dans les unités de
l'armée américaine un
degré de liberté
compatible avec leur
mission d'information. Si
les règles
d'incorporation
reflètent - pour la
plupart -
des préoccupations
légitimes de l'armée
américaine, Reporters
sans frontières craint
qu'elles soient
interprétées de
manière trop
restrictive,
- de garantir
publiquement aux
journalistes non
incorporés qu'ils auront
la capacité de
travailler dans des
conditions de liberté et
de sécurité
satisfaisantes, et de
leur fournir également
un accès satisfaisant à
l'information militaire,
- de s'abstenir de
prendre délibérément
pour cible les émetteurs
et les locaux des
médias, y compris
lorsqu'ils sont utilisés
à des fins de
propagande. Les biens et
équipements des médias
sont considérés comme
des biens civils,
protégés par le droit
international
humanitaire. La
propagande a pour but de
soutenir le moral de la
population et est
inhérente à tout
conflit. Or le moral de
la population civile ne
saurait être un objectif
militaire.
- de garantir que les
précautions maximales
seront prises afin
d'éviter de blesser les
journalistes, dont la
présence en certains
endroits est connue.
Reporters sans
frontières a publié en
janvier 2003 un rapport
dénonçant les
atteintes à la liberté
de la presse en Irak.
L'organisation a
condamné les autorités
de Bagdad qui délivrent,
de manière arbitraire,
un nombre limité de
visas alors que les
journalistes sont très
nombreux à en faire la
demande. Les journalistes
étrangers ne peuvent
travailler et circuler
librement en Irak. Ces
dernières semaines,
plusieurs d'entre eux ont
également été
expulsés du pays.
Accusé d'espionnage au
profit d'Israël, le
journaliste canadien
Scott Taylor,
correspondant de la
chaîne de journaux
canadiens Sun et
directeur de la
rédaction du magazine
militaire Esprit de
corps, a été
expulsé d'Irak le 9 mars
2003. Une journaliste du
quotidien espagnol La
Razón, Teresa Bó, a
également été obligée
de quitter le pays le 12
mars 2003. Les autorités
irakiennes lui ont
reproché de ne pas
employer les termes
"appropriés"
pour parler du
gouvernement irakien.
Enfin, David Filipov,
reporter du journal
Boston Globe s'est vu
reprocher l'utilisation
de son téléphone
satellite depuis sa
chambre d'hôtel et a
été expulsé, le 13
mars 2003, vers la
Jordanie.
"Les médias
irakiens : 25 ans de
répression sans
faille", ce rapport
est disponible dans son
intégralité sur le site
www.rsf.org.
Reporters sans
frontières
- Secrétariat
international
- 5
rue Geoffroy-Marie
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