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De notre correspondant à
Paris (75), Stéphane LOISON
LA PROPRIETE C'EST PLUS LE
VOL - 13 février 2014
un film d'Elio Petri
avec Ugo Tognazzi, Flavio Bucci
version restaurée du film de 1973
Sortie en France le 12 février 2014
et en DVD
Synopsis : Modeste employé de banque, pris de
démangeaison au simple contact de l'argent,
Total vit chaque jour dans l'angoisse. Convaincu
des injustices par la richesse, il décide de
s'attaquer au système, en prenant pour cible un
boucher qui étale sa fortune avec ostentation.
Total démissionne pour se consacrer
exclusivement à sa nouvelle tâche! Il observe
le comportement de sa future victime, puis passe
à l'action...
Largument : "La propriété ne peut
rien donner dautre que la maladie et les
malades, elle ne peut quemblématiser toute
la série des frustrations sexuelles et tenir
lhomme prisonnier de celles-ci. Elle est la
clef de cette espèce de ceinture de chasteté
dans laquelle la société capitaliste a
emprisonné lhomme " Elio Petri
Le distributeur Tamasa propose une nouvelle copie
restaurée dune uvre d'Elio Petri
après la Palme dOr 1971 La Classe
Ouvrière Va au Paradis et Enquête
sur un Citoyen au-dessus de tout Soupçon
de 1970. Avec cette trilogie le réalisateur se
penchait d'une manière satirique sur
l'aliénation du monde du travail, sur les
dérives du monde politique et le rapport quasi
schizophrénique que l'homme entretient avec
l'argent. Il est évident que Petri avec ses
films dénonce une société italienne
capitaliste qu'il déteste au plus haut point.
Dès le générique du film par ces portraits ou
moitié gauche et droite s'opposent, Petri nous
annonce que nous serons dans un monde
schizophrénique et du dédoublement de la
personnalité. L'homme aliéné, écartelé est
le monde d'Elio Petri, c'est un univers du huis
clos qu'il nous décrit. Dans ce film aucun
manichéisme, le voleur et le propriétaire
participent d'un même système, ils cherchent
tous les deux le profit. Le possédant et le
voleur ont des intérêts communs. Il n'y a que
la loi, l'ordre qui les différencient. Dans ce
film Petri joue sur l'ambiguïté et la collusion
entre des intérêts contradictoires
(gendarme/voleur/banquier/ecclésiaste). Le
voleur justifie l'existence d'un système
étatique. Sans voleur point de policier, de
justice, de prison, de coffre fort, de serrure...
et c'est parce qu'il risque d'etre dépossédé
que le bourgeois cherche à en avoir plus. Comme
dit le policier La peur du voleur fait
jouir les riches. Ce film par sa
réalisation fait penser au cinéma expressionniste
allemand avec des références brechtiennes. Les
personnages sont grotesques à la manière d'Oto
Dix. Il y a une volonté de filmer crûment une
réalité, filmer sans concession, sans
complaisance à la limite du vulgaire, du
tragi-comique. Le risque de ce genre de concept
est de tomber dans la pantalonnade et de perdre
toute crédibilité sur les propos qu'on veut
tenir. Mais le message de Petri est clair. Dès
le début du film, Total, le voleur, face
caméra, en gros plan nous dit : Je ne suis
pas différent de toi... de toi... de toi... de
lui.. .vous n'êtes pas différent de moi. Nous
sommes égaux dans les besoins, inégaux dans
leur satisfaction....celui qui aura plus aura le
superflu, celui qui aura moins sera privé du
nécessaire. Ce discours tenu en 1973 par Elio
Petri reste à méditer quarante ans plus tard.
Ce cinéma politique à faire simplement penser
que savaient écrire les cinéastes italiens dans
les années soixante dix manque terriblement dans
notre cinéma actuel. C'est un cinéma à voir ou
revoir pour empêcher de devenir totalement
aliéné.
Stéphane Loison
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