De notre correspondant à Paris (75), Stéphane LOISON


Daniele Gatti et l’Orchestre National de France - Troisième Symphonie de Mahler - le 29 avril 2010 au Châtelet, à Paris - 5 mai 2010


Mahler a dirigé la création française de sa deuxième symphonie au théâtre du Châtelet, le 17 avril 1910. Ce lieu était alors tout indiqué pour accueillir le cycle d'hommage. L’Orchestre National de France s’installe ainsi en résidence au Théâtre du Châtelet pour donner au public son intégrale Mahler qui va durer, sous la direction de Daniele Gatti jusqu’en 2011.

L’ONF a une longue histoire avec les œuvres de Mahler et les plus grands chefs mahlérien l’ont dirigé ( Horenstein, Neuman, Massur, Haiting, Inbal…) c’est dire qu’entendre Gatti dans la plus longue des symphonies était attendu. Ne boudons pas notre plaisir, malgré quelques imprécisions dans les cuivres et une lenteur et trop dramatique premier mouvement à mon goût, (Gatti y allait à l’intuition me semblait-il), l’orchestre sous la direction de son chef nous a donné quand même une belle interprétation de cette œuvre assez décousue qui pose de vrais problèmes de direction. Ils sont peu nombreux aujourd’hui à pouvoir la diriger en direct, sans anicroche et ne pas laisser tomber ni l’intention ni la tension. Gatti l’a terminée en apothéose. Ce dernier mouvement fût magnifique et les auditeurs lui ont fait un triomphe. On sent chez Gatti qu’il a une grande expérience de l’opéra, ce qui lui permet de révéler à cette œuvre tout ce qu’elle a de théâtrale. Madame Christianne Stotijn ne nous a pas donné le frisson que l’on attendait, mais a chanté correctement sa partie soutenue par un chœur toujours parfait. Je ne pense pas exagérer de dire que Daniele Gatti est à son affaire avec Mahler et d’affirmer qu’il fait partie de ceux qui peuvent diriger Mahler sans nous ennuyer comme cela se passe dans d’autres célèbres salles parisiennes. Nous avons hâte d’entendre la suite de ce cycle avec l’ONF bien sûr. Un conseil peut-être monsieur Gatti prenez plus de risques, ça paye ! La preuve votre final de cette symphonie qui nous a amené au ciel !


Stéphane Loison