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De notre correspondant à
Paris (75), Stéphane LOISON
Cité de la musique,
Concert dans la série Musique et Cinéma
du 19 au 26 mars 2013
Traffic Quintet
Concert le 24 mars 2013 à 16h30
Dominique Lemonnier, violon, direction artistique
Anne Villette, violon
Estelle Villotte,alto
Raphaël, violoncelle
Philippe Nohaert, basse
La violoniste Dominique Lemonnier est une femme
de caractère, déterminée, volontaire qui
partage sa vie, sa passion, pour la musique de
film depuis plus de vingt ans avec le compositeur
Alexandre Desplat . Ils travaillent très souvent
ensemble et ont créé en 1996 un quintette de
cordes assez original : le Traffic Quintet, pour
interpréter de la musique de film, celle du
compositeur mais aussi écrite par dautres
artistes.
Stéphane Loison : Comment sest créé
Traffic quintet
Dominique Lemonnier : Au départ cétait
pour Alexandre Desplat, pour le film dUn
Héros Très Discret, le réalisateur Jacques
Audiard désirait filmer le quintette et
lintégrer au film comme pour des
changements de tableau. Loriginalité de
cet ensemble est quil est formé dun
quatuor classique et nous avons ajouté une
contrebasse. Javais envie de casser les
codes de lécriture des quatuors. Le thème
peut être joué par le violoncelle ou
lalto, chaque instrument peut devenir le
leader. La contrebasse nous permet de toucher à
des univers musicaux plus ouverts comme le jazz,
le tango
SL : Comment avez vous engagé les musiciens
DL : Ce sont des musiciens que jai
rencontrés soit en jouant avec lOrchestre
Philharmonique de radio France, soit en jouant du
tango, soit sur des enregistrements de musique de
film. Nous avons tous une expérience de musique
de chambre
SL : Pouvez-vous me parler de votre premier
spectacle
Il sappelait Nouvelle Vagues en hommage à
ces grands compositeurs que sont Georges Delerue,
Antoine Duhamel qui ont travaillé pour les
cinéastes de la nouvelle vague et pour qui
Alexandre a une grande admiration. On terminait
par les musiques de Desplat pour Audiard,
histoire de fermer la boucle. Alexandre a fait
les arrangements. Mais ne jouer que de la musique
de film cela ne me paraissait pas naturel aussi
jai fait appel à un vidéaste pour ajouter
des images. Je connaissais le travail dAnge
Leccia, et grâce à sa banque dimages on a
monté, travaillé ses images quon a mises
sur la musique. Jai fait le contraire des
compositeurs qui eux travaillent à partir
dimages. Je nai pas voulu illustrer
les morceaux choisis avec des extraits des films
correspondants; Cétait une succession
dimages abstraites. Le spectacle a choqué
certains, dautres ont apprécié. Les
spectateurs espéraient voir Belmondo, Moreau,
Bardot plutôt que des images solarisés, sans
rapport immédiat avec la musique du Mépris, de
Pierrot le Fou ou de La Route des Indes de
Maurice Jarre.
SL : Ensuite ce fut Divine Féminin
DL : Le deuxième projet ce fut Divine Féminin,
un drame en quatre tableaux sur des femmes
sacrificielles, autour de Médée. Il était
moins accessible au niveau de sa conception.
Chaque tableau, souvrait sur un fragment de
"Medea Material" issue de lopéra
de Pascal Dusapin. Cétait les portraits de
femmes, telles que Sharon Stones, Janet Leight,
Marylin Monroe, Nicole Kidman et la musique de
Goldsmith, Glass, Herrmann, Air et puis la
Médée silencieuse de Callas de Pasolini.
Cest cette figure musicale qui constituait
le fil rouge. Alexandre qui aime le travail
dAlex North a fait une superbe
transcription des Misfits. Javais envie de
décliner les toiles de Jacques Monory. Alors
avec Ange on est allé les filmer dans son
atelier, puis nous les avons transformées ;
SL : Puis ce fut Eldorado
DL : Effectivement, Eldorado est aussi une
commande de la Cité. Cétait autour du
rêve américain. Là, jai pris un film qui
existait de mon ami vidéaste : Gold sur
louest américain et on a joué des
compositeurs américains comme Greenwood,
Goldsmith, Duke Ellington, Phil Glass, Herrmann,
Miles Davis, et un extrait de Létrange
Histoire de Benjamin Button de
Desplat
"
SL : et le prochain ?
DL : Le prochain, toujours pour la Cité de La
Musique, devait être autour du cinéma
français. Mais comme javais déjà joué
des compositeurs français, jai proposé
une monographie autour dAlexandre Desplat.
Le cinéma français, cest Paris et Paris
cest la Seine. Avec Ange on a donc filmé
des heures et des heures les quais de la Seine.
Puis on a passé beaucoup de temps à monter, à
retravailler limage pour présenter une
heure et demie de film. Le spectacle à la Cité
se nomme Quai de scènes, cest une ballade
romanesque sur les quais de Paris avec des
extraits des musiques dAlexandre. Il a
refusé de faire les arrangements, il était
très gêné de retravailler ses uvres ce
qui est normal ; Cest Nicolas Charon,
bassiste à lOpéra de Paris qui a fait les
orchestrations, Alexandre a simplement
supervisé. Il y a trois références fugitives
sur le cinéma : les Amants du Pont Neuf de Leos
Carax, Césarée de Marguerite Duras, et
LEloge de LAmour de Jean-Luc
Godard
"
SL : Comment définissez vous votre collaboration
avec Alexandre Desplat.
DL : Elle dure depuis plus de 20 ans, je lui ai
apporté des idées sur le travail quon
peut imaginer faire avec les cordes quil
connaissait mal, doù la naissance de
Traffic quintet. Avec Alexandre nous sommes des
états associés et non colonisés ; On a des
espaces proches et différents !"
Avec Traffic Quintet Dominique Lemonnier donne à
la musique de film une autre dimension en
lassociant à des projets artistiques
inattendus, une autre manière de la faire
exister et connaître.
Pour finir en musique, on peut toujours écouter
les deux disques qui ont été enregistrés, bien
sûr sans les images trafiquées, le contraire de
ce quelle souhaite ?
TRAFFIC QUINTET "Nouvelles Vagues"
Naïve V 5093
TRAFIC QUINTET "Divine Féminin"
Galilea Music / Universal n° 476419-9
Ainsi quune compilation DESPLAT /AUDIARD
Play Time/ FGL Productions n°Pl 0605102
Stéphane Loison
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