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De notre correspondant à Paris (75), Stéphane LOISON


Chronique cinématographique avril 2010 - 23 avril 2010



Le Choc des Titans de Louis Leterrier
Remake du film de Desmond Davis avec les trucages « poétiques » de Ray Harryhausen, le film du réalisateur français Louis Leterrier tient ses promesses au niveau du spectaculaire. Après Avatar, Sam Worthington se retrouve être le soi-disant héros de ce film en 3D. Ne cherchez pas la poésie et les dialogues humoristiques du premier, ici on est dans l’action rien que dans l’action où les trucages sont les vrais héros du film. Je ne suis pas sûr que les spectateurs arrivent à suivre l’histoire mais le principal est comme dans Avatar, en prendre plein la vue ; à ce stade c’est réussi. Une fois sortie de la salle qu’en reste-il ?: un petit mal de tête à cause de tous ces bruits et les fureurs des dieux (Zeus en jupette est choupiné) et à cause de ces lunettes pour des effets 3D bien timides (on aurait aimé avoir un coup de croc de la gorgone à deux pas de notre visage par exemple). Produit de grande consommation bien sûr et le lendemain à l’instar d’Avatar on ne s’en souvient plus. Essayez de revoir le précédent avec Maggie Smith, Ursula Andrews, Laurence Olivier… une pléiade de vrais stars sur l’Olympe, la mythologie était mieux traitée. Ah le temps des péplums c’était quand même plus amusant !

Green Zone de Paul Greengrass
Green Zone est un film d’action écrit par Brian Helgeland adapté du livre Imperial Life in the Emerald City de Rajiv Chandrasekaran. Helgeland est le scénariste entre autres de Mystic River, LA Confidential et le réalisateur de Payback, donc une pointure comme on dit dans le métier ; mais malgré les qualités du scénario il fallait un metteur en scène à la hauteur et là le moins que l’on puisse dire est que Greengrass est l’homme de la situation. Ses films précédents (Bloody Sunday, La Mort dans la Peau, United 93…) prouvaient qu’il est un grand réalisateur. Il passe du docufiction à la fiction pure avec une aisance stupéfiante. Il arrive avec cette histoire, que l’on connaît bien, à nous tenir en haleine, à mettre du suspens là où il n’y en a plus ! Tout le monde sait que les armes de destruction massive ont été un faux prétexte pour que Bush envahisse l’Irak. Et bien Greengrass arrive grâce à son talent à nous entrainer dans une course effrénée dans cette cité de la peur qu’est Bagdad pour chercher une vérité qu’on lui a caché et dont nous connaisson la fin. Cette ville de tous les dangers est filmée d’une manière quasi documentaire. On se trouve dans la même ambiance que Démineur de Kathryn Bigelow. On est ce Roy Miller, joué magnifiquement par Matt Damon, qui découvre qu’il est manipulé par ces conservateurs qui ont inventé toute une histoire à dormir debout pour occuper ce pays gorgé de pétrole ; la suite on la vit actuellement. Paul Greengrass, comme pas mal de réalisateurs anglo-saxons, vient de cette formation quasi journalistique. La force de ce cinéma est qu’à travers une fiction bien agencée et réalisée de main de maître, une réflexion politique est décrite en filigramme. Un grand film, un grand réalisateur.

Ensemble, nous allons vivre une grande histoire d’amour de Pascal Thomas
Voilà un film qui nous laisse perplexe. Le cinéma de Pascal Thomas est atypique. Il a toujours été inclassable. C’est un cinéma hors du temps, des modes et toujours plaisant. Ici Pascal Thomas s’amuse à prendre toutes les situations de ce qu’on nomme histoires d’amours et les traite avec humour, dérision . Un couple sympathique, une suite de sketches tendres à prendre au second degré est-ce que cela peut faire un bon film ? Oui si ce n’est pas filmé si paresseusement et tel est le cas. Il manque cette folie qu’aurait amené un réalisateur italien, un Risi par exemple et des acteurs plus déjantés. Erreur de casting surtout pour Marina Hands ; quant à Julien Doré il a sûrement sa place au cinéma ; attendons de le voir dans un rôle plus consistant. Une bluette pour rien. Pascal Thomas nous avez habitué à plus de fantaisie ; Réveillez-vous cher Pascal !

Tête de Turc de Pascal Elbé
Un scénario original, un casting impécable, Tête de Turc est une tragédie entre Turc et Arménien qui prône la réconciliation. Film noir, plus que polar, Pascal Elbé nous prouve qu’on peut faire des films intelligents, sensibles, sans être moralisateur. Malgré quelques ficelles scénaristiques et une mise en scéne assez sage, ce premier film vaut le détour.

Les invités de mon père de Anne Le Ny
Cinématographiquement, scénaristiquement, politiquement, ce film est d'une telle lourdeur que malgré les talents des acteurs qui sont excellents on s’ennuie ferme. Anne Le Ny au bout d’une heure quarante ne sait pas comment finir son film et nous propose du thé vert au gingembre pour réveiller nos sens engourdis par tant d’enfilages de lieux communs. Une scène est quand même à sauver lorsque le couple frère-soeur / Viard-Lucchini parle de la sexualité de leurs parents ; mais cela fait tout au plus un court-métrage....On est loin du superbe et terrible « Welcome » de Lioret ou même de la comédie « La fiancée qui venait du froid » de Nemès mal fichue, mais plus amusante et moins prétentieuse. Je ne vous invite pas chez mon père, désolé.


Stéphane Loison


 

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