De notre correspondant à Paris (75), Stéphane LOISON



Auditorium du Louvre, Louvre - 4 octobre 2012

Mercredi 3 octobre 2012 à 20h

Quatuor Pavel Haas
Veronika Jaršková, violon
Marek Zwiebel, violon
Pavel Nikl, alto
Peter Jarusek, violoncelle

Benjamin Britten : Trois « Divertimenti »
Bedrich Smetana : Premier quatuor en mi mineur « De ma vie »
Franz Schubert : Quatorzième quatuor à cordes en ré mineur D 810 « la jeune fille et la mort »

Le quatuor Pavel Haas, (du nom du compositeur tchèque mort à Auschwitz) est né en 2002 et formé par quatre musiciens tchèques. Il a remporté plusieurs grands prix internationaux et s’est produit sur les principales scènes musicales. Il a joué la première fois en France en 2007 à l’Auditorium.
Fondé par la violoniste Veronika Jaršková, il est mené avec beaucoup d’autorité par cette jolie femme à la crinière blonde. Cet excellent quatuor n’a pas peur de prendre des risques et ce soir il nous l’a prouvé. Le programme est fait à l’envers ; Il commence par une œuvre contemporaine pour terminer par un des « tubes » des quatuors romantiques. Les trois Divertimenti de Britten lui a permis de se chauffer et d’avoir le public à ses pieds ; Le quatuor de Smetana, un compatriote, et d’après son compositeur une œuvre autobiographique qu’il a composé après deux ans de silence. Smetana évoque sa jeunesse, sa surdité, son premier amour pour celle qui deviendra sa femme (chanté par le violoncelle), un avenir funeste pressenti (interprété par l’alto), puis un long soupir, un silence résigné termine cette œuvre. Cette confession impudique demande une interprétation sans faille pour donner de l’intérêt à ce genre de musique très descriptive. L’énergie qui se dégage de ce quatuor et l’entente parfaite de ces quatre musiciens donne à cette œuvre plus de force qu’elle n’en possède. Le quatorzième quatuor de Schubert aurait la même origine que celui de Smetana. Schubert aurait, paraît-il, dans cette œuvre décrit sa fin prochaine. Rien n’est moins sûr. La seule chose que l’on peut dire que c’est une des plus belles œuvres du répertoire de musique de chambre. L’interprétation nous a surpris tant l’exécution était glacial, sans pathos. L’œuvre avait pris une dimension tragique même dans l’andante con moto. Veronika Jarůšková ne doit pas être une grande romantique et son jeu nous l’a démontré. Cette vision de ce quatuor n’est pas pour nous déplaire, bien au contraire. Elle nous a permis de voir que ce jeune quatuor peut nous surprendre dans un répertoire tant joué.



Stéphane Loison