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De notre correspondant à Brest, Michel PALUD


Tri Yann, Abysses, nouvel album
- 6 novembre 2007


Tri Yann m’accompagne depuis près de vingt-cinq. Depuis ce jour où, dans les bacs de feu-La Sonothèque, disquaire historique brestois récemment passé par le fond, j’ai découvert le vinyle "Le soleil est vert". Juste avant "Café du bon coin". Deux albums de très (très) bonne facture. Les deux titres fondateurs de ma passion pour le groupe nantais. Depuis, ma vie musicale se rythme sur les opus en nombre proposés par Tri Yann. Que l’on juge sur pièces : depuis 1985, six albums studio, trois "live" et deux concerts en association avec un orchestre symphonique, sept ou huit compilations (on ne sait plus vraiment) !

Parmi tous ces titres, (peut-être) le chef d’oeuvre du groupe : "Le vaisseau de pierre". Un conte fantastique dans la plus pure tradition des gwerz, histoires bretonnes fantastiques et tragiques. "Le vaisseau de pierre" est l’adaptation musicale de la bande dessinée éponyme de Christin et Bilal. Pierre Christin au scénario, Enki Bilal au dessin. L’histoire ? Un petit village breton, Tréhoët, menacé par un projet immobilier mené par un vilain promoteur, quitte sa terre natale et prend la mer pour échapper à son destin. Et quand on dit village, il faut entendre tout le village.

Les habitants, bien entendu, mais encore leurs maisons, démontées pierre par pierre, le château. Une histoire sur mesure. Un projet particulièrement ambitieux. Le résultat est exceptionnel. Un concept-album comme il en existe finalement assez peu.

Un métissage musical très riche mêlant cuivres et cordes, bombardes et flûte baroque, cornemuses et accordéon, uilleann-pipes et chalémie, ensemble choral et chant antillais. Mais le projet était sans doute bien trop novateur pour l’époque (1988), trop progressiste, et probablement pas assez "breton" pour trouver un public. L’adaptation scénique était pourtant spectaculaire : quatre-vingts personnes sur scène et cent-cinquante marionnettes géantes ! La tournée ne pourra malheureusement aller à son terme pour des raisons de viabilité financière.

Depuis "Le vaisseau de pierre", Tri Yann a toujours cherché à apporter une cohérence à ses disques. Ce fut notamment le cas pour "Belle et rebelle" en 1990, hymne à leur chère ville de Nantes, album critiqué pour son éloignement de la "bretonnitude", trop jazzy, mais qui recèle quelques morceaux estimables, dont "Korydwen et le rouge de Kenholl", gwerz d’anthologie. Ce fut encore pour "Portraits" en 1995, opus entièrement consacré à des esquisses de Bretons, célèbres ou non, dont une magnifique suite de six titres en hommage à Guillaume Seznec. Et encore le cas en 2003 pour "Marines", ode aux gens de mer. Ce dernier album constituait le premier volet (décevant) d’un diptyque qui vient donc de s’achever par "Abysses".

Autant "Marines" racontait le dessus des océans, grandes histoires ou anecdotes, souvent dans la plus pure tradition des chants de marins, autant "Abysses" nous plonge au plus profond, au plus précieux, au plus envoûtant. Ici règnent les mondes fantastiques, légendes, animaux mythiques ou mythologiques. L’album constitue un ensemble homogène qui n’est pas sans rappeler "Le vaisseau de pierre". Les titres sont enchaînés et ponctués de bruits de fonds marins qui participent à l’ambiance.

La griffe Tri Yann est incontestablement présente. Un Tri Yann sans cesse renouvelé, ce qui constitue d’ailleurs sa force. Jamais enfermé dans un style réducteur, le groupe a en effet toujours su se tourner vers de nouvelles sonorités, lui permettant de demeurer très actuel. Ici, les programmations rythmiques surprennent au premier abord, mais font d’"Abysses" un album très moderne. La piste de la programmation, déjà explorée par "La campagne du Belem de 1902" sur "Marines", est ici pleinement assumée. Les mélodies sont comme chaque fois très réussies et suscitent toujours l’étonnement par leur richesse et leur finesse. Enfin, les arrangements sont ici encore fort diversifiés. Le résultat ? Un très bon disque. Probablement le meilleur depuis vingt ans, depuis "Le vaisseau de pierre". Seul "Portraits" pourrait, dans le même intervalle de temps, lui ravir la place.

Quatorze titres à savourer. A mon goût, peu de matière à repousser, fait très rare chez moi. Deux petits regrets cependant.

"Lorc'hentez Kêr Is", d’abord, m’apparaît beaucoup trop lente pour être chantée en breton. La langue, très saccadée, supporte assez mal un débit si faible qui la rend inélégante. Le défaut se corrige de lui-même sur des rythmes beaucoup plus élevés (confer "Kan ar kann", par exemple). C’est encore plus prégnant lorsque Fréddy Bourgeois déclame avec ap-pli-ca-tion sa partie de chant.

"Petite sirène", ensuite. Cette jolie mélodie susurrée par un Jean-Paul Corbineau en voix, nous offre des paroles déplacées qui affectent titre. Florilège : "on me traite de nympho", "je me caille l’abricot", "je m’les pèle", "un p’tit maillot pour couvrir mes nénés", "il s’en tamponne", etc. Le décalage est trop important entre le style de mélodie associé à la voix et ces phrases. Un peu dommage. Avec de telles paroles, l’arrangement ne colle pas du tout. L’effet était sans doute voulu, il manque complètement son but.

C’est à peu près tout pour les bémols. Le reste ? On navigue du très bon à l’exceptionnel, en tutoyant ici ou là l’excellent. Pas mal, non ? Deux titres "commerciaux" (sans connotation péjorative) encadrent la programmation : "Gloire à toi Neptune !" et "L’Eden des mers". Emballants, l’un et l’autre. Pour l’exceptionnel, je retiendrai deux morceaux : "La solette et le limandin", magnifique gwerz aux accents médiévaux, et le sublime et dépouillé "Le sous-marin", hommage nostalgique à l’enfance, aux grandes vacances, aux années cinquante.

Beaucoup d’émotion. Du grand art. Du grand Tri Yann. Et du très grand Jean-Louis Jossic, ici tout en finesse.
Voilà, la ballade est terminée.

Ne vous reste qu’à courir acheter l’album. Deux versions vous seront proposées : l’une, en boîtier classique, l’autre en édition limitée offrant un magnifique livret d’une cinquantaine de pages.

A courir l’acheter, et à prendre du plaisir.




Michel PALUD
 



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