- De
notre correspondant Jean-Claude
VILELA
16
août 2003
ANGOLA
LA FAIM DE LA GUERRE
Reportage
réalisé en Mai 2003
Aujourd'hui
en 2003, des enfants
meurent encore de faim en
Angola, dans un pays
riche de par son sous-sol
(pétrole et diamants).
Grâce à MSF France
(Médecins Sans
Frontière), certains de
ces enfants survivent,
mais pour combien de
temps encore ?
LAngola
est sortie, depuis le 4
Avril 2002, de 27 années
dune guerre absurde
menée par deux clans
politiques, le MPLA et
lUNITA.
Cette
phase
daprès-guerre
mêle espoir et crainte
pour une population
affaiblie par tant
dannées
doppression.
Beaucoup dAngolais
sont rentrés chez eux
dans leur ville, leur
village, mais nombreux
sont ceux qui
aujourdhui
nont pas les moyens
de retourner dans leur
région dorigine,
car ils ont été
déplacés loin de leur
terre natale par les
forces armées ou ont
abandonné leur village
pour fuir les attaques et
les risques de capture.
Et
loin des grandes villes,
il est difficile de
subsister, de nourrir sa
famille car à qui vendre
sa récolte loin de la
ville alors que
linfrastructure
routière est quasiment
impraticable, soit par
létat de celle-ci
soit par le nombre de
mines encore présentent,
qui empêche tout
déplacement sans
risques.
La
situation loin
dêtre
catastrophique, comme en
2002 suite au
cessez-le-feu, nen
reste pas moins
préoccupante. Des
enfants meurent encore de
malnutrition sévère
et/ou de maladie dans des
régions retirées.
Cest
le cas dans la province
de Huambo ou Médecins
Sans Frontières
maintient des centres
nutritionnels intensifs
et thérapeutiques afin
de venir en aide à ces
enfants qui souffrent en
silence dans une
indifférence totale de
la part de leur
gouvernement.
Des
"blanket
feeding" sont
organisées par
léquipe de MSF
pour détecter toute
population en situation
de détresse. Nous avons
participés à lune
dentre elles.
Un
reportage de 52 minutes
est en cour de montage
sur la vie de ce peuple
aujourd'hui au travers
d'une mission de Médecin
Sans Frontière dans un
centre de nutrition
sévère et
thérapeutique.
Réalisation
VILELA
Jean-Claude
assisté de Thomas
LERAT.
Email
: dayton@wanadoo.fr
LA
VIE A LUANDA
A
Luanda aucune plaque
nindique les noms
des rues, il nest
donc pas aisé de se
déplacer en ville
surtout quand on ne
connaît pas celle-ci. Un
plan ne nous aurait
été daucune
utilité. La signature
dun cessez-le-feu
entre le gouvernement de
Luanda et les forces de
lUNITA a mis fin à
27 années de guerre, le
4 avril 2002.
Ici
à Luanda et partout en
Angola, la prospérité
davant guerre a
fait place à cause de
celle-ci à la pauvreté.
Les Angolais ne veulent
plus entendre parler de
la guerre, ils ne veulent
" plus entendre ce
mot ".
Le
problème
aujourdhui est la
faim ; et qui a faim
na pas de loi.
Luanda
na pas été
touchée par les combats
durant cette guerre, et
pourtant cette ville est
meurtrie par toutes ces
années de privation et
de répression de la part
des deux camps.
De
nombreux réfugiés sont
venus à Luanda pour
échapper aux atrocités
de la guerre, mais ils
nont pas leur
place, ici ils ne sont
pas chez eux et nombreux
sont ceux qui voudraient
retourner dans leurs
régions dorigine,
mais ils sont trop
pauvres pour le faire,
alors ils vivent ici et
là comme ils peuvent en
faisant tout et
nimporte quoi.
Oubliés
pour le moment par leurs
dirigeants, ils vivent au
jour le jour avec pour
seule préoccupation,
" manger ".
Demain sera un autre
jour.
A
coté de cette pauvreté,
à quelques kilomètres
à peine, sur lîle
de Luanda, la îla comme
ils disent, des
privilégiés dépensent
sans compter leurs $US
sur la côte dAzur
Angolaise. Bars,
restaurants, boites de
nuit où les prix sont
aussi chers, si ce
nest pas plus,
quen Europe.
Le
salaire mensuel moyen
dun Angolais à
Luanda est de "3750
Kz",
léquivalent de 50
euros. Celui dun
ptit boulot est
souvent à peine la
moitié, 25 euros .
Une
chambre dans une pension
correcte est de 100 euros
par jour ; Cela
représente 62 jours de
travail, imaginez la
difficulté des Angolais
à survivre dans cette
incohérence des prix.
La
cause de ces prix ?
Le
pétrole, les diamants,
qui attirent ces
étrangers exploiteurs
qui eux profitent
amplement de la richesse
du sol de lAngola.
A
Luanda les Angolais
survivent tant bien que
mal mais comment
vivent-ils dans le reste
du pays?
Nous
nous sommes rendus dans
la province de Huambo à
1h davion de Luanda
et là le problème
majeur est toujours
" LA FAIM " et
les premiers à souffrir
de malnutrition sont les
enfants innocents qui
subissent sans comprendre
les résultats des actes
dadultes
irresponsables.
A
cette malnutrition vient
sajouter les
maladies tels que le
paludisme et la
luberculose qui est en
recrudescence et
déciment des familles
entières. Heureusement
certaines ONG sont
présentes pour aider
cette population à
survivre tant sur le
problème de la
malnutrition que sur le
suivi médical.
Lune
dentre elles est
Médecins Sans
Frontières.
Nous
avons suivi quelques-unes
de leurs missions dans la
province de Huambo à
Kaala, Bailundo et Sombo.
Extrait
du reportage 52'
Luanda,
capitale de
lAngola.
Ville
ou règne une atmosphère
glauque.Ville ou les
voitures ont tous les
droits. LAngola
sort depuis le 4 Avril
2002, de 27 années
dune guerre absurde
menée par 2 clans
politiques.
Ville
ou la terre est rouge,
comme imprégnée du sang
des Angolais qui sont
morts sans savoir
pourquoi durant ces 27
années
doppression.
A
Luanda, la grande
majorité des habitants
sont sans emploi.
Nombreux sont ceux qui
ont fui les provinces et
leurs atrocités durant
la guerre et se sont
réfugiés dans la
capitale pour y trouver
la sécurité, car la
capitale na presque
pas été touchée par
les combats. Ils vivent
dans des bidons-villes.
La majorité en
périphérie de Luanda,
mais certains se sont
installés au coeur même
de la capitale. Mais ce
nest que pour y
trouver la misère, la
précarité.
Dans
un bidon-ville à
quelques pas de
laéroport,
leau, tout juste
potable, doit être
transportée chaque jour
par ses propre moyens.
Chacun
vit au jour le jour, dans
des conditions
dhygiène indignes
dun pays, qui comme
lAngola est riche
de part son sous-sol.
Dans
les cités qui semblent
être désertées, mais
il nen est rien,
les enfants jouent, sans
ce soucier du danger que
représentent les
carcasses de véhicules
abandonnées pendant la
guerre, ou des
bâtiments, dons la
construction a été
stoppée net au début
des conflits.
Au
centre ville, la
précarité et la misère
sont aussi le lot
quotidien de la majorité
des Luandais.
Luanda
est une ville en plein
paradoxe. Le long de
belles avenue
verdoyantes, bien
entretenues,
samoncellent des
dizaines de poubelles
vidées tous les 35 du
mois.
A
côté de familles qui
triment pour gagner 100
Kz par/jour, vivent des
privilégiés qui ne
comptent pas, dans de
somptueuses maisons au
style colonial.
La
vie économique à Luanda
nest présente
quau travers des
gens du pétrole, qui
dépensent leurs dollars
dans des restaurants ou
hôtels de luxe, au bord
des plages de
lîles de LUANDA.
la Ila comme disent les
Angolais.
Et
pourtant malgré cela,
tous les Angolais ont le
sourire. Ils sont
charmants, et charmantes,
ils aiment la musique,
Ils aiment faire la
fête, ils aiment le
sport, même si le
terrain ne sy
prête pas vraiment.
Nous
quittons LUANDA pour nous
rendre dans la province
de Huambo à 1 heure
davion de la
capitale.
La
ville de Huambo est
située sur un immense
plateau, à 1 800 mètres
daltitude.
La
province de Humbo était
le grenier de
lAngola. Dans cet
endroit tout pousse. La
terre est fertile.
Leau abondante. Le
climat serein. Un vrai
paradis ou il faisait bon
vivre.
Aujourdhui,
les terres sont le plus
souvent en friche, par
manque de semences, par
manque de fertilisant,
par ce que les
proriétaires ne sont
plus là pour cultiver
parce quils ont
été déplacés par les
forces armées, par ce
que certains champs
risquent dêtre
minés.
Ils
se retrouvent pour la
plupart dentre eux,
en ville, à des
centaines de kilomètres
de leur région
dorigine. Ils sont
obligés de faire des
petit boulots, de vendre
tout et nimporte
quoi, sur les marchés ou
au bord dune route,
pour subvenir aux besoins
de la famille. Car les
emplois sont rares. Les
femmes sont les plus
actives et les plus
sollicitées. Elles ne
rechignent pas à la
besogne, et
nhésitent pas à
transporter des objets
lourds. Elles sont de
corvées deau sous
les yeux de leur grand
frère. Les quelques
rares emplois sont
souvent réservés aux
hommes. Comme les
chauffeurs routiers. Les
motoristes en portugais,
qui traversent
aujourdhui une
ville, dévastée par les
combats et la pauvreté.
De nombreuse traces
montrent la violence des
affrontements que cette
ville a subis. Les images
se passent de
commentaires. Imaginez ce
quont pu vivre les
habitants de Huambo
durant cette période.
Suite
à cette guerre, les
premiers touchés sont
bien sûr les jeunes
enfants.
Atteints
de malnutrition sévère,
certains dentre eux
sont complètement
déshydratés.
Ces
enfants subissent de
plein fouet les
conséquences de la
précarité, de la
pauvreté et de la
bêtise humaine. I
ls
paient de leur vie,
lavidité
dêtres sans
scrupules, prêts à tout
pour lOr noir et
les pierres précieuses
que renferme le sous-sol
Angolais.
Les
mères de ces enfants
sont inquiètes. Elles ne
savent pas si leurs
enfants Maria et Bibiona
survivront à la
déshydratation, à la
malaria ou à la
tuberculose.
Quel
avenir peut bien attendre
lenfant porté par
cette mère ?
Nous
prenons la route pour
KAALA, ou se trouve une
des missions de MSF. Une
ONG française.
Les
routes sont tous juste
pratiquables, Encore
minées par endroit. De
simples petit cailloux
blanc nous signale la
présence de ces mines.
Médecins
Sans Frontières a
installé depuis la fin
de la guerre en 2002 un
Centre Nutritionnel
thérapeutique et un
centre Nutritionnel
intensif, pour venir en
aide à cette population
encore bien fragile
après un cessez-le-feu
de plus de un an.
Grâce
à de tels centres, les
enfants peuvent reprendre
lespoir dune
vie meilleure. Il peuvent
regarder lavenir
avec confiance. Ils
peuvent garder le sourire
quils nont
jamais perdu malgré la
faim. Ils peuvent
espérer aller à
lécole, bien que
celle-ci ne soit pas
gratuite et que pour
survivre, même les
enfants doivent
travailler dès leur plus
jeune âge.
Heureusement,
des médecins comme
Émilie,
sexpatrient pour
venir en aide à ces
enfants, ils
nhésitent pas une
seconde à mettre leurs
compétence au service de
la vie.
Débora,
infirmière américaine,
expatriée pour MSF,
examine létat de
santé d' une enfant. La
mère revient en
consultation chaque jour,
mais son enfant ne
survivra pas à son
infection.
Débora
"On
voit les veines, qui est
un des symptômes de la
maladie. Ici les patients
sont atteints de la
malaria, cest là
que ce font les
transfusions, les
ponctions et les choses
de ce genre. On effectue
de nombreux tests. Nous
avons un problème de
dons du sang, nous en
avons besoin mais nous ne
pouvons pas faire de test
fiable des donneurs, nous
navons pas le
matériel nécessaire. Le
nombre des donneurs en
Angola est plus faible
quailleurs. Il est
peut être de 3 ou 5 %
maximum.
On
pense que cest à
cause de la guerre, les
populations ont été
déplacées, on ne pense
pas à ce que ces
chiffres augmenteront.
Même si des gens veulent
donner, on ne peut pas
accepter leurs sang. Nous
on ne peut pas le prendre
et ils ne peuvent donc
pas le donner. Parce que
dans le cas des femmes
qui rentrent toutes
fatiguées à la maison,
ce serait suicidaire de
leurs parts de donner
leur sang, mais on ne
sait pas comment leurs
dire. Cest une
question difficile."
Interview
"Quand
est-ce que tu es arrivée
à MSF. Cest ta
première mission ?
Cela
fait six mois.
Ensuite
tu fais une autre mission
?
Non
pas tout de suite, je
compte en refaire une
plus tard.
Quest-ce
que tu fais après ?
Je
vais chercher un autre
travail mais dabord
je dois passer par Paris,
puis à New York pour le
bureau et aller voir ma
famille. Pour les
Français cest plus
facile, car le
gouvernement leur permet
de quitter leur travail
et de retrouver leur
poste plus tard. Pour
nous il nest pas
dusage dans les
hôpitaux publics
dagir ainsi. On
doit vite retrouver un
job. Je suis infirmière,
mais je nai encore
jamais travaillé en
hôpital.
Ici
à lhôpital, je
fais des consultations,
cest différent du
travail
dinfirmière. Ici,
je ne suis pas supposée
être infirmière, je
supervise les
infirmières de
lhôpital et je
massure que tout
fonctionne bien, que le
personnel travaille bien.
Je
forme le personnel et je
laide dans sa
tâche.
Je
suis superviseur sans
vraiment lêtre, je
ne dirige pas vraiment
car le personnel ne reste
pas longtemps.
Jorganise leur
emploi du temps, leurs
tâches, leur travail.
Dans
lensemble ils
naiment pas ça.
En
résumé, jétais
superviseur et
consultais, et puis
voilà.
Le
principal est que tout le
monde sait que nous
faisons de bonnes actions
et ça cest
valorisant."
Chaque
ANGOLAIS aspire à une
vie plus facile, ou
manger ne soit pas la
seule préoccupation du
jour.
Chacun
à droit à la
sérénité dune
vie longue et calme, à
lombre dun
arbre centenaire, ou
leau et la
nourriture ne soient pas
quune corvée, mais
une bénédiction de la
vie, un don que Dieu a
fait aux hommes, à tous
les hommes.
Chaque
jour, il faut écraser le
maïs pour obtenir la
farine nécessaire à la
famille.
Ce
travail est celui des
femmes et de leurs
filles. Sans cesse, des
heures durant, avec une
synchro parfaite, elle
battent ce Maïs qui le
plus souvent provient des
distributions faite par
le PAM ( Programme
Alimentaire Mondial.).
Cette enfant en âge de
jouer et en âge
dêtre à
lécole, travaille
dur pour la survie de
toute la famille.
Elle
apprend très jeune les
notions de
responsabilité et de
solidarité.
Avec
la farine elle pourra
faire du pain, ou peut
être la vendre, pour
acheter du riz, oui, un
peu de riz pour changer.
Certains
enfants nont pas sa
chance. Cette enfant,
très faible, atteinte de
tuberculose, ne survivra
pas plus de 48 heures.
Delphina
navait que 13 ans.
Face
à la mort, la cotoyant
chaque jour, ces enfants
ne comptent que sur la
chance et laide
humanitaire pour
survivre. Mais pour
combien de temps encore
pourront-ils supporter
leurs souffrances en
silence.
J-C
VILELA
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